[fanfiction Harry Potter] Antje #8

Bonne lecture à tous !

Chapitre 8

I’ll be your mirror

James, Remus, Peter et moi adorions quand nous en avions l’occasion traîner dans une certaine aile de Poudlard dont un étage était consacré à la recherche. Nous pouvions y observer des élèves de sixième et septième années qui s’entraînaient à des sortilèges ou des métamorphoses que ni McGonagall ni Flitwick ne nous montreraient pas avant longtemps. On y trouvait également des artéfacts magiques très utiles en Défense contre les Forces du Mal que le directeur mettait à disposition des élèves. L’enseignant changeait tous les ans, nos cours dans cette matière indispensable n’étaient pas réguliers et nous savions bien que le professeur Dumbledore cherchait à orienter un maximum d’élèves dans la lutte contre Voldemort. Il aidait donc les gens à sa manière même si cet étage était interdit à beaucoup d’entre nous.

Un beau soir, nous nous faufilâmes sous la cape d’invisibilité de James pour y faire un tour. S’y cacher à quatre devenait de plus en plus compliqué parce que nous avions beaucoup grandi pendant l’été. Cela dit, en sachant comment s’y prendre, c’était amplement suffisant. À cette heure de la soirée, nous ne pensions trouver personne mais espérions tomber sur un objet magique intéressant, un livre oublié que nous aurions pu feuilleter ou quelques notes concernant un sortilège que nous ne connaissions pas. Au détour d’un couloir, nous fûmes surpris de voir le directeur sortir d’une des salles accompagné du professeur Franck. Nous ne pouvions pas entendre ce qu’ils se disaient, aussi nous nous approchâmes juste assez pour saisir leurs paroles.

« C’est un objet très intéressant, Albus, disait le professeur Franck. Je vous remercie infiniment de me l’avoir montré.

— Il n’y a pas de quoi, répondit le directeur d’un ton aimable.

— Je ne suis pas sûre que le laisser à disposition des élèves soit une bonne idée, cependant…

— Détrompez-vous, Venus. C’est certes un peu dangereux mais cela pourrait aider certaines prises de conscience… bien entendu, il est hors de question de le laisser dans cette pièce indéfiniment. Il sera remis à sa place d’ici quelques jours.

— Vous semblez bien sûr de vous, affirma l’enseignante avec perplexité.

— La question, ma chère amie, n’est pas d’être sûr de soi mais de savoir ce qu’on fait. Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas laissé cet objet ici sans raison. »

Nous étions trop loin pour en être sûrs mais j’eus la désagréable impression que le professeur Dumbledore regardait dans notre direction. Peter semblait penser la même chose puisqu’il eut un mouvement de recul qui manqua de le faire sortir de sous la cape. Je sentis Remus le retenir par le col. L’instant d’après, le directeur ferma à clé la salle où se trouvait ce mystérieux objet et invita le professeur Franck à prendre une tasse de thé dans son bureau.

Il était inutile de nous attarder dans le coin, nous le devinâmes rapidement. Notre intuition nous disait de regagner la tour de Gryffondor rapidement. Nous ne fîmes même pas d’arrêt aux cuisines pour récupérer un encas. Il nous restait un gros paquet de Chocogrenouilles qui serait suffisant pour l’instant.

Une fois dans le dortoir, nous nous installâmes à quatre sur le même lit, tous rideaux tirés, pour discuter.

« C’est rare de voir le professeur Dumbledore se promener dans les couloirs, dit Remus d’un ton perplexe.

— Je me demande ce qu’il y a dans cette pièce, ajouta James. Il faudra qu’on y retourne très vite.

— Je ne sais pas, hésita Peter. J’ai l’impression que Dumbledore nous a vus, enfin qu’il savait que nous étions là.

— Ne sois pas bête. Ma cape garantit une invisibilité parfaite. Personne n’a fait de bruit et j’ai fait attention à ce que nos pieds ne dépassent pas.

— Peter a raison, James, dis-je. Quand il a dit à Franck qu’il avait laissé ce… enfin cet objet dans la salle exprès, il a tourné la tête vers l’endroit où on était.

— B’ah, fit James. Si ça se trouve, c’était une sorte de défi ou quelque chose comme ça. S’il nous a vus, il n’a rien dit. Il aurait très bien pu faire une remarque sur les murs qui ont des oreilles, ça ne m’aurait pas surpris de sa part. Peut-être qu’il veut que nous allions voir ce qu’il y a dans la salle. »

Aussi farfelu qu’il puisse paraître, le raisonnement de mon meilleur ami se tenait. Dumbledore était un curieux vieux sorcier. La discussion se poursuivit et il fut décidé que nous retournerions dans ce fameux couloir le vendredi suivant. Les élèves qui préparaient leurs ASPICS ne venaient jamais dans le coin une veille de week-end, nous le savions, et nous aurions tous le samedi pour discuter de nos découvertes. Ce petit plan mis au point, chacun regagna son lit.

Les yeux grands ouverts dans le noir, je me demandais ce qui pouvait se cacher dans cette salle. J’ignorais encore que je le découvrirais plus rapidement que prévu.

oOØOo

Le lendemain soir, il fallut rattraper les devoirs en retard que nous aurions dû faire au lieu de vadrouiller dans les couloirs de l’école. J’avais vaguement espéré qu’Antje nous tienne compagnie mais elle préféra aller à la bibliothèque consulter une tonne de livres dont elle pensait avoir absolument besoin pour une traduction de runes anciennes. Au fond de moi, j’étais un peu déçu mais ça ne me surprenait pas tant que ça. Elle mettait un point d’honneur à avoir les meilleures notes possibles. En attendant de s’attaquer aux corvées scolaires, j’entamai une partie de bataille explosive avec James et Peter tandis que Remus nous jetait des regards amusés par-dessus son bouquin. Je me fis écraser royalement et manquai de mettre le feu à mes cheveux. Notre ami lycanthrope dut intervenir et jeter un sort d’Aguamanti sur ma tête, de sorte que je me retrouvai avec de l’eau plein la figure. J’étais vexé comme un pou. Ça se paierait. Mes potes pouvaient toujours courir, un jour j’aurais ma revanche.

Ce petit intermède terminé, Remus nous fit la morale à cause du devoir de sortilèges que nous avions à faire pour le lendemain et que nous n’avions toujours pas commencé. Bouquins, plumes et rouleaux de parchemins remplacèrent donc le jeu de cartes sur la table et on se mit au travail. Tout cela était profondément ennuyeux. J’étais brillant mais j’avais horreur de faire mes devoirs. Pourtant, pour garder la tête de la classe et donc emmerder mes parents (parce que oui, mes bons résultats scolaires rapportaient à peu près autant de points à Gryffondor que mes bêtises en faisaient perdre, niak niak niak), il fallait bien se résoudre à se fader quelques livres ennuyeux et à se bousiller les doigts à coups de dissertations barbantes. Tout avait un prix dans ce bas monde.

James et moi finîmes notre devoir assez rapidement. Il fallut aider Peter qui était un peu à la traîne. Sa copie n’était pas mauvaise sur le plan théorique (il était très doué pour paraphraser le contenu des bouquins) mais certaines subtilités lui avaient encore échappé. Remus essaya de lui expliquer ce qu’il n’avait pas compris jusqu’à ce que James perde patience et le laisse copier sur lui.

Nos devoirs terminés et une partie de bataille explosive plus tard (à la fin de laquelle James se retrouva encore plus ébouriffé que d’habitude), la soirée était bien avancée. J’étais un peu surpris qu’Antje n’ait pas encore quitté la bibliothèque. Sa traduction était-elle donc si longue et si difficile à faire que ça ? À moins qu’elle ne soit déjà revenue et soit allée directement se coucher, mais cela m’aurait étonné. Serait-elle montée dans son dortoir sans même venir nous dire un mot ? Bizarre…

J’espérai malgré moi que personne ne l’avait surprise dans un couloir pour lui faire une blague douteuse. La stupéfixer et lui faire prendre la poussière dans un coin serait bien du genre des apprentis Mangemorts. J’eus bien envie de faire l’aller retour entre la tour de Gryffondor et la bibliothèque pour tenter de la trouver. Au moment où je me levais pour sortir, le portrait de la Grosse dame bascula et laissa entrer Britta Hopkins et sa troupe de copines. Je fronçai les sourcils. Elles pouvaient avoir fait un coup tordu à Antje. Elles étaient même certainement coupables. Vu l’heure à laquelle elles débarquaient, elles avaient intérêt à avoir un bon alibi. Comme elles adoraient se vanter de leurs méfaits (un peu comme James et moi, à dire vrai, sauf que contrairement aux nôtres, leurs blagues n’étaient même pas drôles), je tendis l’oreille pour entendre leur conversation.

« Dommage que nous n’ayons pas accès à la réserve, soupira Saskia Sorrelman. Je suis sûre qu’on aurait trouvé le livre dans lequel se trouve la préparation de cette potion.

— Ce qui est surtout dommage, rectifia Hopkins, c’est que le vieux Slughorn nous en ait parler sans nous permettre de l’essayer. Je suis sûre que ça n’est pas si dangereux que ça et qu’il nous a dit que ça l’était pour ne pas avoir d’ennuis.

— C’est sûr que si on avait pu en prélever un peu, ça nous aurait facilité la vie… »

De toute évidence, ces idiotes en était restées à l’épisode de l’Amortentia. Le professeur Slughorn était passé à autre chose depuis mais elles semblaient obsédées par ce filtre d’amour. Elles ne parviendraient jamais à en faire si elles avaient la recette en main. James, Remus, Peter et moi l’avions à disposition puisqu’elle figurait dans le livre où figurait la potion d’Animagi. C’était affreusement compliqué et bourré d’ingrédients rares. La moindre erreur de préparation avait des effets catastrophiques. Bah, pensai-je. Qu’elles essaient, après tout. Cela dit, leur petite discussion ne m’apprenait pas où se trouvait Antje.

Je me levai.

« Je reviens tout de suite, dis-je à mes copains.

— Où tu vas ? demanda James.

— Chercher Antje, répondis-je simplement.

— Elle est à la bibliothèque, non ?

— Elle devrait déjà être revenue. Vous avez vu l’heure qu’il est ? »

Je crus que Peter allait dire que je me faisais trop de souci pour elle et qu’elle était parfaitement capable de se débrouiller toute seule mais il se contenta de me demander de ramener du gâteau au chocolat si je repassais par les cuisines. Il ne perdait vraiment pas le Nord. J’adressai un geste de la main à mes copains et me dirigeai vers le portrait de la Grosse Dame qui râla quand je prononçai le mot de passe.

« Qu’est-ce que vous avez tous à aller et venir à une heure pareille ? Vous devriez vous occuper de vos devoir ou aller vous coucher au lieu de vous promener dans les couloirs.

— C’est ça, répliquai-je avant de me glisser par le trou du tableau. »

Je me rendis à la bibliothèque et la trouvai fermée. Je fis trois fois l’aller-retour jusqu’à la tour de Gryffondor, furetai dans toutes les chicanes, dans chaque recoin mais Antje était introuvable.

Je commençai vraiment à m’inquiéter. Où avait-elle pu passer ? Que lui était-il arrivé ? Fouiller tout le château me prendrait la nuit entière et je ne me voyais pas alerter un professeur pour ça. Je m’assis au pied de l’escalier menant à la salle commune de Gryffondor et tentai de réfléchir à ce que j’allais faire. Pas question d’aller me coucher tant que je n’étais pas certain qu’Antje était en sécurité.

J’étais en train de me faire des nœuds au cerveau quand une aide inattendue surgit de nulle part : Nick Quasi-sans-tête.

« Eh bien, Monsieur Black, dit-il de son ton un peu obséquieux en se penchant sur moi, sa tête basculant dangereusement en avant, vous mijotez encore un quelconque mauvais coup, j’imagine ? »

Je me drapai dans ma dignité.

« Certainement pas, Nick, répondis-je. Mon comportement est toujours irréprochable.

— Ne vous moquez pas de moi, jeune homme », s’offusqua le fantôme.

Hum. De toute évidence, l’humeur n’était pas à la plaisanterie. Je mis donc les pieds dans le chaudron et expliquai mon problème :

« Dites-moi, Nick, avez-vous vu Antje Ziegler ? Elle devait travailler à la bibliothèque après le dîner mais elle n’est pas revenue dans la salle commune et il est très tard… »

Le spectre prit aussitôt une mine grave :

« Vous vous inquiétez pour votre camarade, voilà qui est chevaleresque de votre part. Oui, j’ai vu miss Ziegler. Il ne lui est rien arrivé de fâcheux mais si vous vous faites du souci pour elle, vous devriez aller la voir. Elle se trouve à l’étage des recherches en magie avancée dans l’aile Ouest du château. »

Par les bretelles de Merlin, pensai-je. Antje se trouvait justement là où nous nous étions rendus la veille et l’aile Ouest ne se trouvait absolument pas dans le secteur situé entre la bibliothèque et les quartiers de Gryffondor… Qu’était-elle allée faire là-bas ? Je remerciai rapidement Nick Quasi-Sans-Tête et filai.

Il me fallut dix bonnes minutes au pas de courses pour rejoindre le fameux étage. Par chance, je ne croisai ni Rusard ni son horreur poilue. Je me faufilai dans les couloirs qui semblaient déserts. Toutes les portes étaient fermées et toutes les bougies éteintes. Je m’enfonçai dans l’obscurité en plissant les yeux, tentant de voir où j’allais. Je n’avais pas la cape d’invisibilité de James sur moi et faire un peu de lumière avec ma baguette magique aurait été le meilleur moyen de me faire repérer. Au moment où j’allais renoncer, croyant que Nick s’était moqué de moi, j’entendis un sanglot derrière une porte.

Il me fallut un moment pour comprendre qu’il s’agissait justement de la salle où Dumbledore avait entreposé l’objet mystérieux qu’il avait montré au professeur Franck la veille. La pièce était quasiment vide et éclairée d’une bougie solitaire que je n’avais pas repérée immédiatement. Quelques tables et chaises étaient poussées contre le mur près de la porte et, en face, se trouvait un immense miroir au cadre ouvragé qui montait jusqu’au plafond. Il tenait sur des pieds pourvus de griffes et quelque chose semblait gravé dans l’or du cadre.

Antje était assise face au miroir, les genoux remontés contre son torse, et elle pleurait.

Je me sentis très mal à l’aise. D’abord parce que je ne comprenais pas la présence de ce miroir dans une salle de classe. Il ne s’agissait pas d’une Glace à l’Ennemi, sinon Antje ne serait pas assise en larmes devant. Dans le même temps, j’eus l’impression diffuse de ne pas avoir le droit d’être là, comme si j’assistais à une scène très intime. C’était étrange puisqu’a priori, il n’y avait rien de personnel à pleurer devant un miroir. Par ailleurs, je savais qu’Antje avait une piètre opinion de son apparence. Cette scène, quoiqu’un peu exagérée, n’était pas vraiment surprenante en un sens. Je m’approchai de quelques pas et m’éclaircis la gorge.

Antje sursauta et se retourna :

« Sirius ? Qu’est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle, d’une voix enrouée par les larmes.

— Je ne savais pas où tu étais, expliquai-je. Tu n’es pas revenue dans la salle commune et la bibliothèque est fermée. Et toi, qu’est-ce que tu fiches ici ? »

Elle s’essuya les yeux avec la paume de ses mains.

« Je… J’avais fini mon devoir, j’allais remonter dans la tour quand j’ai vu Rosier se diriger vers moi. Il a commencé à me dire des choses, il m’a menacée avec sa baguette magique et je me suis enfuie… et je me suis réfugiée ici. Je ne sais même pas ce que c’est que cette salle. Et ce miroir…

— Quoi, ce miroir ? »

Antje baissa la tête et laissa passer un silence.

« Je vois ma mère dedans. »

J’ouvris de grands yeux :

« Antje, tu débloques ! Ta mère n’est pas là !

— Je sais bien… En plus, elle est différente dans le miroir. Elle n’a pas l’air fatigué et inquiet que je lui ai vu pendant tout l’été, comme si elle était en bonne santé. Elle rit. Elle est avec moi. Viens voir si tu ne me crois pas ! »

Elle me tira par la manche jusqu’au miroir. Enfin j’allais voir ce qu’il avait de particulier, pourquoi le professeur Franck avait dit que c’était dangereux de laisser les élèves s’en approcher et… je me demandais à quoi ressemblait la mère d’Antje. Elle m’en avait rarement parlé depuis notre fameuse conversation. Je ne l’avais jamais vue en photo. Pourquoi pas, après tout…

Je regardai dans la glace et y vis mon propre reflet. La mère d’Antje n’y était pas et derrière moi, le décor était différent. Plus de salle de classe vide avec des tables et des chaises poussées contre une cloison nue. Je voyais une grande fenêtre inondée de soleil et encadrée de rideaux rouges. James, Remus et Peter étaient là. Ils riaient. Et il y avait Antje. Elle me regardait en souriant d’un air attendri. Jamais je ne lui avais vu cette expression qui, sans que je sache pourquoi, m’alla droit au cœur. Je rougis bien malgré moi et me détournai très vite comme si le miroir m’avait brûlé les yeux.

La véritable Antje se tenait en retrait et son regard n’était ni tendre ni affectueux, mais triste et anxieux.

« Alors ? demanda-t-elle.

— Je… je ne vois pas ta mère, balbutiai-je. Je vois autre chose.

— Pourquoi tu ne la vois pas ? Elle est là, pourtant ! Pousse-toi ! Je vais te la montrer ! »

Elle s’approcha, me bouscula d’un coup de coude et montra un endroit dans le miroir où je ne vis qu’un pan de rideaux écarlates.

« Regarde ! »

Rien à dire, je ne voyais pas. J’avisai le cadre doré et l’inscription que j’avais cru voir en entrant dans la pièce.

riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej.

Il me fallut un instant de réflexion pour comprendre le sens de cette phrase mystérieuse. C’était un anagramme. Sans prendre le temps de penser à ce que ça signifiait pour moi, je pris doucement Antje par les épaules et lui montrai l’inscription.

« Tu as vu ce qui est écrit là ? lui demandai-je.

— Qu’est-ce que ça signifie ? fit-elle après avoir jeté un coup d’œil.

— C’est un message codé. Ça veut dire Je ne montre pas ton visage mais de ton cœur le désir. »

Elle sembla réfléchir.

« Ça signifie que mon souhait le plus cher, c’est de voir ma mère en bonne santé…

— On dirait bien, répondis-je.

— Mais c’est impossible, elle va… »

Elle baissa la tête et poussa un soupir.

« Ça n’empêche rien, dis-je. Peut-être que ce qu’on souhaite le plus ne se réalisera jamais mais ça ne nous empêche pas d’en avoir envie. »

Elle renifla et je resserrai mes mains sur ses épaules.

« Viens, Antje. On ne peut pas rester ici. »

La voir se lamenter devant ce miroir qui lui montrait une chimère irréalisable ne me semblait pas très sain. Elle y jeta un dernier regard avant que je ne la pousse hors de la pièce.

oOØOo

Nous regagnâmes la tour de Gryffondor en silence. Je savais qu’Antje pensait à sa mère. De mon côté, j’étais très perturbé par ce que j’avais vu dans le miroir et par ce que ça signifiait.

Je ne montre pas ton visage mais de ton cœur le désir.

Passer le plus de temps possible avec mes copains, ne jamais me séparer d’eux était un souhait que j’assumais parfaitement. En ce sens, leur présence à mes côtés dans la glace était parfaitement logique. Cette fenêtre aux rideaux rouges par laquelle on voyait le ciel bleu et des rayons de soleil était de toute évidence une image de l’endroit dans lequel je voudrais vivre un jour, une sorte d’opposé de la maison familiale du Square Grimmaurd avec sa décoration vert Serpentard et son atmosphère austère. La présence d’Antje, par contre, était plus compliquée à interpréter. J’appréciais beaucoup cette fille. Elle était intelligente, spontanée. Ce n’était ni une pimbêche ni une dinde et… jamais je n’avais oublié ce matin où elle m’avait bousculé en courant vers sa salle de classe. À mon grand désarroi et malgré mes tentatives de repousser cette image, il m’était arrivé de repenser à ses grands yeux marron comme du chocolat chaud et à ses mèches folles d’un roux ambré.

Je ne montre pas ton visage mais de ton cœur le désir.

Je glissai un regard à Antje et réalisai que son plus cher souhait n’était ni la popularité ni la réussite mais la survie d’une personne à laquelle elle tenait plus que tout. Cette forme de générosité, cette absence totale d’égoïsme força mon admiration… et mon affection.

Il me fallait l’admettre.

Se cacher derrière un brin d’herbe ne servait à rien.

Antje Ziegler représentait tout ce que j’aurais pu attendre d’une fille sans vraiment le savoir. Sa place dans mes souhaits les plus chers était donc toute trouvée…

Et il me faudrait vivre avec. Je ne l’avais pas voulu, je ne savais quoi en faire et quelque chose me disait que dans un premier temps, je ne pourrais pas m’en défaire.

Lilou Black

Liloublack, trentenaire rêveuse et caféinomane qui vit chez son chat le jour et dans son palais mental la nuit. What else ?

5 Commentaires

  1. J’aime beaucoup la tournure que prennent les choses et ce petit moment entre Antje et Sirius me fait sourire. C’est marrant à quel point on ne sait jamais ce qu’on désire réellement jusqu’à ce que l’on voit de nos propres yeux.
    Merci Lilou de donner une seconde vie aux personnages d’Harry Potter. Ce retour à Poudlard me conforte dans l’idée que cette saga reste magique et que tant de choses restent à explorer.

    En tout cas, j’aime beaucoup l’humour qui se dégage de ta plume. Je pense que tu as su capter le caractère de chaque personnage, en y ajoutant ta touche personnelle et sans jamais partir dans le trop ou pas assez ! <3

    Je m’en vais, de ce pas, lire les autres chapitres ! 😀

    1. Effectivement, il y a des fois où on ne comprend les choses qu’en les regardant en face…

      C’est moi qui te remercie pour tes compliments. J’avoue que l’époque que j’explore dans cette histoire — l’ancienne génération, celle des parents de Harry — m’intéresse grandement puisque dans les livres, elle est trop longuement évoquée pour passer inaperçue et trop brièvement pour ne pas être frustrante… dans tous les cas, merci. Infiniment.

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