Seven – Chapitre 4

~L’AVARICE~

Klaus retrouva la jeune femme dans le salon de l’hôtel. A cette heure encore matinale, la salle était encore presque vide. Quelques lève-tôt confortablement installés dans les fauteuils-club de cuir lisaient le journal devant leur café. Caroline s’était retranchée dans un coin, le regard perdu par une des fenêtres entrouvertes qui laissait pénétrer la douce lumière du matin. La rue s’animait peu à peu. Les commentaires d’un guide suivi d’une cohorte de touristes emplirent tout d’un coup la salle avant d’être étouffé par le bruit de la circulation. Klaus ne la rejoignit pas immédiatement. Il resta un instant dans l’entrée à la contempler. La colère qui l’avait animée plus tôt l’avait quittée et s’était muée en un abattement qui aurait presque pu faire culpabiliser l’hybride pour le coup pendard qu’il lui avait joué la nuit dernière. Presque mais pas tout à fait. En effet, il n’avait pu s’empêcher de se délecter de sa réaction suite à ce rêve sournoisement imposé. Les gémissements étouffés qui étaient parvenus à son ouïe fine faillirent avoir raison de ses bonnes résolutions. Il s’était fait violence pour ne pas forcer sa porte et prêter main forte à ce jeu solitaire qu’il n’aurait pas cru possible quelques heures plus tôt. Klaus ne doutait plus une seule seconde maintenant qu’elle serait à lui de son plein gré et qu’elle le rejoindrait tôt ou tard dans son univers. Mais encore fallait-il vaincre ses dernières résistances.

Quelque chose dans le regard noir qu’elle lui lançait à présent lui disait que la tâche allait s’avérer des plus ardues. Elle s’était aperçu de sa présence et s’était redressée, le dos droit, l’attitude altière. « Une graine de reine », pensa Klaus en se remémorant les paroles de Marcel au sujet de son insignifiante humaine. Il prit place face à elle en jetant un coup d’œil sur la salle. Le peu de clients étaient partis. Il ne restait qu’un homme qui leur tournait le dos et le serveur qui venait à leur rencontre. Quand ce dernier arriva à leur hauteur, Klaus happa son regard.

— Mon amie a très faim, présentez-lui votre poignet.

Caroline écarquilla les yeux, horrifiée et subitement inquiète. Elle inspecta l’endroit avant de reporter son attention sur l’hybride par-dessus le bras que le serveur lui présentait déjà.

— Tu n’es pas sérieux ?!

Klaus se cala dans son fauteuil, ses deux bras reposant sur les larges accoudoirs, amusé par l’expression scandalisée de la jeune femme.

— Mon cœur, cette ville regorge de poches de sang ambulantes. Pourquoi te contenter du sous vide quand on peut manger frais ?

— Ça suffit Klaus ! Ce petit jeu a assez duré ! s’énerva-t-elle en chassant le bras que le serveur lui collait sous le nez.

Klaus chassa l’homme d’un ordre sec et approcha son fauteuil pour empêcher la fuite de la jeune femme qu’il devinait imminente. Ses jambes encadraient les siennes, les frôlèrent jusqu’à ce qu’elle se calât au fond de son fauteuil pour échapper à ce contact même ténu. Il tâcha de ne pas porter son regard sur sa peau nue que sa fine robe d’été ne cachait pas entièrement et se concentra sur son visage déterminé.

— Je ne resterai pas une journée de plus ici. Alors prends ce que tu veux et laisse-moi partir !

Klaus se renfrogna aussitôt devant la froideur du ton.

— Fais un effort Caroline. Nous sommes loin de Mystic Falls et de ses drames. Profitons-en pour apprendre à nous connaître vraiment.

— Je sais déjà tout ce qu’il y a à savoir sur toi ! Tu n’es qu’un être méprisable et tu le seras toujours. Tu es un égoïste égocentrique, un manipulateur qui prend un malin plaisir à soumettre son entourage à son bon vouloir ! Je te hais !

Elle lui avait soufflé ses quatre vérités au visage et esquissa un mouvement pour se lever. Mais le fauteuil de l’hybride était beaucoup trop proche et surtout ce dernier n’était pas disposé à la laisser partir de cette manière. Ses mains glissèrent sous ses genoux pour l’attirer à lui. Déséquilibrée, Caroline retomba sur l’assise de son siège. Elle avait voulu se dépêtrer de sa présence envahissante et se retrouvait au contraire prisonnière, ses jambes serrées entre celles du vampire. Sa robe s’était relevée de manière indécente. Elle tira dessus en prenant garde de pas frôler les mains de Klaus qui s’attardaient sur ses cuisses. Elle aurait voulu arracher ce sourire plein de suffisance et d’arrogance de son visage, lui coller son poing dans la figure. Au lieu de cela, elle n’était plus obnubilée que par ses doigts qui se crispaient de manière imperceptible dans sa chair. Toutes ses terminaisons nerveuses ne se concentraient plus que sur ces quelques centimètres de peau découverte par ses soins et qu’il lorgnait sans la moindre pudeur. Cette faiblesse la mettait hors d’elle.

— Pourquoi t’entêtes-tu ? Je pourrais t’offrir tellement plus que cette petite vie minable à laquelle tu t’accroches comme si tu étais toujours humaine et que l’éternité ne s’ouvrait pas à toi.

— M’offrir quoi ? Des bijoux hors de prix ? Des robes somptueuses ? L’opportunité d’être la poupée d’un vampire mafieux qui s’impose par la peur ? Perdre ma liberté et mon libre arbitre ?

— Dis-moi ce que veux-tu et je te le donnerai.

Caroline inspira profondément mais sa respiration se bloqua dans sa gorge. Elle ne s’attendait pas à ce genre réponse si spontanée. Il était peut-être temps de renégocier leur accord et de reprendre l’avantage.

— Offre-moi une autre image de toi et la garantie que Tyler sera libre même s’il ne se passe rien entre nous.

Klaus haussa un sourcil et éclata d’un rire franc qui hérissa la jeune femme.

— Qu’est-ce que j’ai à gagner là dedans ?

— Tu veux tout, Klaus, et tu peux tout avoir mais est-ce que, pour une fois, tu es prêt à donner un tant soit peu de toi ne serait-ce que pour gagner mon respect au lieu de mon mépris.

Il lâcha ses jambes et se recula sur son siège pour la considérer froidement.

— Je l’ai déjà fait et, si mes souvenirs sont bons, tu t’en es servi pour me manipuler.

Caroline baissa la tête de confusion. Elle ne pouvait pas nier avoir utilisé les sentiments de l’hybride pour tirer ses amis d’affaire. Cela lui avait alors semblé juste. Après tout, il avait tué Jenna et Carole, était prêt à tuer ses amis et Tyler. Elle n’avait alors aucune raison d’avoir des scrupules.

— J’en suis sincèrement désolée.

Elle se surprit à l’être vraiment. Elle hasarda un coup d’œil vers le vampire resté silencieux. Il la fixait avec une attention soutenue et presque gênante. Il ne la crut pas une seconde. Elle était maline et prête à tout pour se sortir de cette situation. Il se décolla du dossier et s’accouda à ses genoux comme pour lui faire une confidence.

— Je ne reviendrai pas sur notre accord, Caroline. Tu n’obtiendras rien de moi hormis l’assurance que je ne te contraindrai pas à faire ce que tu ne veux pas.

Il se leva et commença à s’éloigner quand elle l’interpella de nouveau.

— Combien de temps va durer ce petit jeu ?

Il lui jeta un regard par-dessus son épaule. Elle cachait difficilement sa déception.

— C’est à toi de décider, mon cœur…

2 Commentaires

  1. « De tous les péchés, l’avarice est le plus avantageux. » Marcel Aymé
    j’ai apprécié ce chapitre, Klaus est déterminé à avoir Caroline, mais ça ne va pas être une partie de plaisir pour lui !
    Mais quand l’hybride veut, il a !!!

    Hâte pour le prochain pêché !!

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