POUR VIVRE HEUREUX, VIVONS CACHES

Chers tous,

Je vous écris, aujourd’hui, en réponse à vos nombreuses questions concernant l’Histoire et l’Origine des vampires. Qui est venu en premier l’œuf ou la poule ? L’humain ou le vampire ? Je vais essayer, si ce n’est de donner une réponse, au moins d’éclairer certaines zones d’ombres qui persistent. D’où venons-nous ? Qu’est-ce qui nous différencie vraiment de vous, les humains ? Et si elle existe, où se trouve la limite entre nos deux mondes ?

A mon grand dam, les vampires ont toujours été considérés comme des monstres, au mieux comme des dandys sanguinaires – ce qui est parfois tout à fait justifié. Nous avons ainsi toujours vécu en parallèle des hommes, aussi loin qu’on puisse remonter.  Ceux-ci n’ont cessés de nous combattre sans jamais s’interroger sur notre provenance… jusqu’à maintenant. Pourtant le vampirisme a toujours fasciné ; on peut voir qu’il a souvent été abordé dans la littérature ou le cinéma. Oui, beaucoup se sont frottés à ce sombre sujet. Ainsi, qui ne connaît pas le fameux comte Dracula ou un dénommé Nosferatu? Pourtant, ces œuvres modernes sont loin d’être les premières parlant de nous. Ce thème remonte à bien plus loin et concerne toutes les cultures. Ainsi, déjà dans la Grèce antique, des écrits relatent que les ombres du royaume d’Hadès sont friandes du sang des victimes. Selon le pays, l’appellation diffère mais un point commun reste : Le vampire évolue toujours dans un univers sombre et terrifiant. En Chine, on nous nomme Ch’ing Shih, celui qui s’empare des morts inhumés à la hâte. Le Vétala indien, lui, tournoie autour des lieux d’incinération. En Malaisie, le Pennaggalam assassine les âmes tandis que chez les Achantis du Ghana, des démons à l’épiderme phosphorescent se jettent du haut des arbres sur les noctambules imprudents. Au Mexique, le dieu Tezcatlipocâ, traînant un corps décomposé et poussant des cris de rapace, protège les vampires et les loups-garous. Comme quoi, nous sommes toujours liés.

Au-delà de ces différents patronymes, on recense de nombreuses et réelles frénésies anti-vampires, surtout au XVème siècle. On ne s’intéresse pas à la source du vampirisme, on veut simplement l’éradiquer. L’homme tente de comprendre ce qui l’effraie et il trouve ainsi une réponse dans la religion. Le vampire n’est pas juste associé au mal, il l’incarne. C’est donc l’objet de toutes les batailles aussi bien spirituelles qu’idéologiques. L’homme met ainsi en place des stratagèmes qu’il pense ingénieux pour essayer de nous contrôler et de nous détruire. Qui ne sait pas qu’il faut enfoncer un pieu en plein cœur pour tuer l’un d’entre nous ? Qui ignore que l’ail nous fait fuir et que l’eau bénite peut nous anéantir ? En théorie, oui. En pratique, les choses sont légèrement différentes. Je me souviens que, dans mes jeunes années, il n’était pas rare de voir un vampire se faire attraper de son plein gré par les humains et de jouer leur jeu. Cela dans le seul but d’alimenter les croyances en leurs supposées défenses. En effet, certains pensaient qu’il valait mieux faire croire à une défaite pour être plus tranquille. Simple stratégie de guerre, en somme.

Aussi, je vous conseille de ne pas vous servir d’un pieu si vous rencontrez l’un des mes semblables, il ne risquerait de ne pas vous être d’une grande utilité.

Des chasses anti-vampires sont ainsi organisées et même le monde philosophique de l’époque réagit à ce sujet. Malheureusement, les victimes de toute cette agitation sont, la plupart du temps, des individus atteints de maladie rares. Ainsi, on brûle et on empale les présumés coupables alors que les véritables vampires sont parmi les plus hautes figures de la ville. Les syndromes de la peste ou plus particulièrement de la rage ont souvent induit en erreur les autorités: Le comportement agressif, les sens affutés, l’hypersensibilité à la lumière provoquant un teint pâle, sont autant de similitudes avec le vampirisme. Ainsi, l’épidémie de rage ayant sévit en Europe de l’Est à cette époque a fait enfler la polémique autour de ces prétendus vampires.

Après études, on dénombre aujourd’hui d’autres maladies qui sont sans doute allées dans le même sens : la tuberculose, le lupus erythematosus, la catalepsie ou encore la porphyrie qui provoque un allongement des canines. On peut citer également la maladie xeroderma pigmentosum qui empêche les personnes atteintes de s’exposer au soleil sous peine de graves lésions. Enfin, une pathologie rare appelée vampirisme clinique ou syndrome de Renfield est un comportement qui consiste en l’ingestion de sang humain, le sien ou celui d’autrui. Ce trouble psychiatrique, méconnu à l’époque, passe généralement par plusieurs stades qui peuvent mener le malade au meurtre.

L’ignorance médicale et les croyances populaires ont donc coûtées la vie à plusieurs personnes qui n’avaient rien à voir avec des vampires.

Toutefois, quelques humains ont un peu trop bien joués le jeu. Ainsi, un certain Vlad Tepes Dracul, appelé aussi l’Empaleur, était connu pour être un souverain sanguinaire menant un règne de la terreur. C’est celui-là même qui a inspiré le plus célèbre des vampires du cinéma : Dracula. Elizabeth Báthory, quant à elle surnommée la Comtesse sanglante, fût accuser de l’égorgement de plusieurs jeunes filles de son village dans le but d’acquérir la jeunesse éternelle.

Je vous fais grâce des détails les plus sordides.

Toutefois la véritable question demeure : D’où venons-nous réellement? Quelle est l’origine du vampire ?

Beaucoup ont essayé d’y répondre ; et entre hypothèses farfelues et sources bibliques, peu sont parvenus à apporter une réponse cohérente et perspicace.

Certains, parmi les plus insolites, avancent l’idée d’un monde parallèle d’où serait apparu le premier vampire. D’autres, plus obscurs et mystiques, parlent de l’union d’un démon et d’une sorcière qui aurait donné jour au premier d’entre nous. Cette théorie expliquerait d’ailleurs en partie tout le côté sinistre qu’on assimile aux vampires. Une théorie plus biblique avance que Caïn, après avoir tué son frère Abel, fût maudit par Dieu. Il lui infligea la malédiction du sang, qui l’obligea à vivre comme une bête et à se nourrir du sang des autres. Et c’est de là que viendrait le premier des vampires.

Je vous laisse seul juge pour choisir quelle hypothèse est la plus probable.

L’histoire des vampires est donc teintée de malveillance, de carnages et de beaucoup trop de sang. C’est le cas de le dire… Nous sommes loin, très loin du monde du conte de fée. Bien que je ne me reconnaisse pas dans cette description, cette histoire est aussi la mienne – aussi glauque soit-elle. Elle fait partie de mon héritage. Pourtant, je dois dire que je ne me reconnais plus vraiment dans la définition que l’on donne d’un vampire. Cette bête assoiffée de sang est, selon moi, une image d’un autre temps qu’il faut laisser dans le passé. Toutefois, la peur engendre toujours des actes irraisonnés et la différence est encore une source de conflits… aussi, pour vivre heureux, je préfère vivre caché.

Carlisle Cullen

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