Titre : LES AIMANTS - CHAPITRE 10 Auteur: Lily77974 Rating : Interdit aux moins de 18 ans Pairing: Edward & Bella Disclaimer : Il est évident que les personnages appartiennent à la grande Stephenie Meyer Résumé: UA. Bella est un vampire et vit à Denali, en Alaska. Jusqu'au jour où elle fut envoyée chez les Cullen à Forks. Son existence en sera transformée à jamais... LES AIMANTS CHAPITRE 10 La boîte de Pandore Par LILY77974 « Si nous résistons à nos passions, c’est plus par faiblesse que par notre force. » François de la Rochefoucauld – Extrait de Maximes. - CHAPITRE 10 – La boîte de Pandore (1) Après être rester presque tout mon dimanche après-midi dans la chambre d’Edward, il me fallait bien me rendre à l’évidence que je ne pouvais y rester indéfiniment. Après un long et langoureux baiser, je sauta par la fenêtre et atterris sur le sol avec légèreté. Alors que j’arrivais presque à la baie vitrée de ma chambre, je fus stoppée dans mon geste par la voix d’Emmett. « Hey Bella. » « Emmett. Rosalie. » Dis-je mal à l’aise. « A... Alors ce... ce Week-end ? » Balbutiais-je péniblement. « Super.» Dit-il en souriant d'un air absent. Je m'attendis presque à voir de la bave couler au coin de sa bouche « On a ramené des trucs pour tout le monde. On t’a même rapporté une babiole. » Ponctua-t-il d’un clin d’œil. « Merde, on les a laissé dans la voiture. Je reviens bébé. » Dit-il à l'attention de Rose avant de décamper. Rosalie s’approcha de moi et me serra dans ses bras. Elle me renifla bruyamment et je me raidis. Putain. « Bella. Pourquoi j’ai l’impression d’enlacer Edward ? » Interrogea-t-elle, méfiante. « Euh… Je… J’ai… Edward et moi on s’est… entraîner tout à l’heure. On s’exerçait au… combat. » Bégayais-je lamentablement. « Bella. Tu t’entraînes avec Emmett aussi et… Tu ne le sens pas comme…. Ça. » Dit-elle de plus en plus songeuse. Soudain, elle me regarda complètement scotchée et je vis sa bouche devenir béante et grande ouverte de stupeur. Il me parut inutile qu’elle se réveille et qu’elle se mette à parler maintenant, surtout qu’Esmée et Carlisle étaient dans les parages. Alors, je fis la chose la plus sensée à faire dans le cas présent, je la tirais par le bras, ouvrit ma porte fenêtre, la poussa à l’intérieur de ma chambre, referma la porte, la fis asseoir sur le canapé et attendis avec anxiété le déferlement. Je vis Rosalie manipulant son doigt dans le vide et le suivre de ses yeux comme si elle se tenait un discours silencieux. J’entendis frapper à la porte mais j’étais incapable de faire bouger mes jambes tandis que je regardais Rosalie, visiblement en état de choc, se parler toujours à elle-même. On frappa de nouveau avec insistance. Finalement Rosalie se leva, ouvrit pour laisser apparaître un Emmett au sourire radieux et le stoppa d’une main alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans la chambre. « Pas maintenant. » Dit-elle en lui claquant la porte au nez. Je ne savais pas comment je devais le prendre. Etais-ce un signe annonciateur d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle pour moi ? Rosalie se rassit, puis se leva et enfin se rassit. Elle me donnait le tournis. J’aurai voulu qu’elle dise quelque chose. N’importe quoi. Tout sauf ce silence qu’elle semblait s’imposer comme pour mieux continuer son monologue intérieur. « Oh la vache !! Oh la vache ! La vache ! La vache ! La vache ! La vache ! La vache ! Oh la vache ! » Cria-t-elle comme si elle avait vu une soucoupe volante se poser dans le jardin. « Rose je… » Commençais-je. « La vache ! La vache ! La vache ! La vache ! La vache ! » M’interrompit-elle. J’entendis frapper à nouveau et ne savait plus quoi faire entre les ‘oh la vache’ qui sortait à tout bout de champ et la porte de ma chambre qui vibrait de petit coup de poing. Tel un zombie, je me dirigea vers la porte et vis Alice, le visage inquiet, entrer avec précaution dans la pièce. Elle fixa Rosalie qui lui répétait sa litanie. « Emmett viens de me dire que Rosalie lui a, je cite, ‘envoyé la porte à travers la gueule comme si j’étais un marchand de tapis’ alors je viens aux nouvelles. » Elle se tourna vers moi. « Qu’est ce qu’elle a ? » Demanda-t-elle, soucieuse. « Elle sait. » Répondis-je tout simplement. Alice fit de gros yeux ronds. « Comment ? » « Tu étais au courant ? » Demanda soudainement Rosalie. « Ecoute Rose c’est… Compliqué. » Tentais-je. « Ah bin c’est très clair, au contraire. Tu te tapes Edward et bien sur on est toujours les derniers au courant. » Je dus reconnaître qu’elle avait un don pour résumer les situations. « Pas vraiment. » Avouais-je en me laissant tomber sur le canapé telle une pierre qui pèserait des tonnes. « Esmée, Carlisle et Emmett ne savent pas. Et ça doit rester comme ça Rosalie. S’il te plait. ». Je pris ma tête entre mes mains mais curieusement, la perceptive de savoir Rosalie au courant à présent me laissa un fort sentiment de résignation. « Bella ne veux pas attirer les foudres de Tanya. Alors moins on est nombreux à connaître le secret plus les chances que ça se sache sont minces. » Expliqua Alice. Je sentis deux bras m’empoigner par les épaules et vis Rosalie me fixer en me secouant comme un prunier. « Attend Attend. Une minute. Quand est-ce arrivé ? Comment ? » Elle se tourna brièvement vers Alice. « Depuis combien de temps tu es au courant ? Et Jasper ? » Ses yeux revinrent aux miens. « Oh la vache c’est ENORME. Alors toi et Edward ? Oh la vache c’est ENORME. » Alice s’empressa de décoller les mains de Rosalie de mon corps qu’elle continuait de secouer. « Tu radotes Rose. » Dit Alice en s’asseyant sur l’accoudoir du canapé. « M’en fous. C’est trop ENORME. On parle d’Edward là. » Répliqua Rosalie. « Rose. » Sortis-je tout d’un coup en prenant sa main dans la mienne. « Il faut que tu me promettes de ne pas en parler. Ni à Emmett, ni à Esmée, ni à Carlisle. » « Tout ce que tu veux pourvu que tu me répondes. » Ouais. Ça allait pas être de la tarte. « Ok. Bon. En fait le week-end dernier... » « LE WEED END DERNIER. Oh la vache. Tu veux dire LE week end dernier ? » « Tu vas me laisser finir oui ? » Demandais-je ironique. Rosalie hocha la tête dans la positive et fit mine de zipper sa bouche. « Ok. Alors... j’étais... seule dans ma chambre et je ne sais pas ce qui s’est passer mais.... de fil en aiguille.... on s’est retrouver nus et… Enfin tu vois quoi. » « Waouh. Mais comment ? » Demanda Rose. « On a tout simplement enlever nos vêtements. » Répondis-je en me demandant fugacement comment je pouvais faire de l’humour dans un moment pareil. Rose clignota des yeux et me lançant une petite tape indolore sur le bras. « Je t’ai pas demandé le comment vous vous êtes retrouvés nus, andouille. Je pensais plutôt au comment du ‘Enfin tu vois quoi’. » « Bin là, honnêtement, je peux pas te répondre. Pour faire court, j’ai… senti son odeur et ça m’a rendu dingue… Enfin… Ça nous a rendu dingues. » « Waouh. » Souffla Rosalie. « En fait, j’ai tout vu mais trop tard. » Expliqua Alice. Rosalie gloussa. « Ça devait être quelque chose. » « M’en parle pas. Bella me doit une séance shopping. » Je me tourna alternativement vers elles. « Je vous dérange pas trop là ? » Les filles se regardèrent un instant puis me sourirent. « Et Jazz ? » Demanda Tout à coup Rose. « Bin… Il a commencé à ressentir des choses et en fait, il a deviné tout seul. Comme toi d’ailleurs. » Avouais-je. « En même temps, c’était pas très compliqué à deviner. » Dit Rose en levant les yeux au ciel. « Alors Rose je peux compter sur toi ? Il faut que tu m’aides parce que là, je vais péter un câble. Alors s’il te plait Rose. » Rosalie leva un sourcil circonspect. « Tu ne crois pas que vous voir en cachette c’est pas un peu puérile Bella ? » « J’ai mes raisons. Je te demande ça comme un service à une amie. » Dis-je en tentant de reproduire le visage ‘tu-ne-peux-rien-me-refuser’ d’Alice mais pensa en fait que je devais faire tout simplement une grimace horrible qui disait 'je-suis-constipée'. « Ok bon hors de question de mettre au courant Emmett alors. Je l’adore mais il a autant de discrétion qu’un marchand de poisson. » « Merci Rose. Merci » Dis-je en commençant à me lever. La main de Rosalie me stoppa dans mon geste et je croisa alors son regard pétillant. « Quoi ? » Demandais-je, surprise. « Tu ne crois pas que tu vas t’en tirer comme ça ? » Demanda Rose, un sourire mystérieux se dessinant sur ses lèvres. « Comment ça ? » « Tu es amoureuse de mon frère ? » On ne pouvait pas dire que ça avait le mérite de ne pas être plus direct. Visiblement, Rosalie s’attendait à une réponse franche de ma part, je décida qu’il fallait faire preuve de tact. « Ça n’a rien à voir Rose. Edward sait que je retournerai à Denali. On prend ce qu’il y a à prendre. C’est mieux comme ça. » J’espérais que cette réponse satisferait Alice et Rosalie. En tout cas, elle me sembla honnête. « Ecoute, tout ce que je te demande c’est de ne pas le faire souffrir d’accord ? » « Mais qu’est ce que vous avez à la fin ? Bien sur que c’est la dernière chose au monde que je souhaite. Je le protègerai toujours. Quoi qu’il m’en coûte. » Avouais-je avec virulence. Le ton que j’avais employé me sembla un peu trop exagéré et visiblement pour les filles aussi qui me regardèrent, choquées et amusées à la fois. « Ok Bella. Relax. J’ai… Merde… » Elle se tapa le front come si elle venait de se rappeler d’une chose super importante. « Emmett doit être furax… J’y suis allée un peu fort non ? » Dit-elle en regardant Alice. « Hum… Je pense que tu sauras te faire pardonner. » Ponctua Alice d’un clin d’œil complice. « Alice. » Menaça Rose. « Bin quoi ? » Demanda Alice, faussement innocente. « Je ne voulais pas dire par là ‘Alice est ce que tu pourrais scruter l’avenir pour nous mater moi et mon mari et voir si nous allions finir dans ma chambre’ » Râla Rosalie. « C’est pénible hein ? » Dis-je en roulant mes yeux. « C’est chiant. » Répliqua Rosalie. « Hey vous deux. C’est moi la plus à plaindre. Vous n’imaginer pas à quel point c’est traumatisant. » D’un coté, en y réfléchissant bien, je ne sais pas comment je réagirais avec un tel pouvoir. Il est vrai que le don d’acuité d’Alice se révélait nécessaire parfois mais au quotidien ça devait être une véritable torture. « Ouais. Bin moi je vais aller traumatiser vous savez qui à propos de vous savez quoi. » Dit Rosalie en le levant d’un bond gracieux. Elle disparut et je fus seule avec Alice. « Désolé. Mais tu m’as dit de ne plus t’espionner. » Dit Alice avec un pauvre sourire tandis que s’assit sur le canapé. « Tu n’as pas à t’excuser Alice. Je comprends. Ça doit être dur pour toi de veiller constamment sur tout le monde. » « Je sais que c’est important pour toi de garder ta relation avec Edward pour vous seul mais quand tu m’as dit de lâcher prise c’était un réel soulagement pour moi. » Dit-elle en reversant sa tête en arrière et en poussant un long soupir. « J’ignorais à quel point ton don t’était pénible ? » « Tu sais Bella, avoir ces… Flashs, rentrer dans l’intimité des êtres, se sentir comme une intruse, occulter totalement les notions de surprise où de même stupéfaction qui régissent les plaisirs de l’existence c’est assez perturbant parfois. Mon instinct de survie est assez puissant pour ne pas me permettre de voir ce qui touche à ma propre existence, sinon comment je pourrais vivre en étant ce que je suis et en plus avoir cette connaissance ultime de savoir avec précision le déroulement de ma propre destinée à chaque seconde, chaque minute de ma vie. C’est comme regarder le déroulement de son existence en étant le spectateur et non l’acteur. La seule chose qui m’a été révélé, c’est la possibilité de découvrir le visage de celui que j’aimerai jusqu’à la fin des temps. » « Jasper. » « Jasper. » Murmura-t-elle en serrant son poing sur sa poitrine, un sourire indescriptible sur son visage. Si je n’avais pas su cela impossible, j’aurai vu des larmes remplir ses yeux au lieu de voir ses iris dilatés. Mon dieu. Comment était-ce possible d’aimer quelqu’un au point de provoquer cela à la seule évocation d’un souvenir ou au simple fait de formuler son prénom. « En parlant de Jasper, tu ne devrais pas profiter un peu de lui avant le cirque de demain ? » Demandais-je, la mine refrognée. Il m’apparaissait, tout d’un coup, voyant que la perceptive de retourner à l’école avait un tel effet de déprime sur mon moral que j’aurai mieux fait de me taire. « Le lycée. Ouais, c’est vrai qu’il y a certains aspects qu’on ne peut pas dévoiler aux yeux de tous et on devrait en profiter tant que l’on peut se contenter d’être soi-même. » Dit-elle, la voix pleine de mystère. J’ignorais si sa phrase avait un double sens. Parlait-elle de la comédie qu’elle devait jouer devant ces humains ou essayait-elle de me faire comprendre d’en profiter moi aussi ? « Merde ! Carlisle m’a dit de chasser ce soir et je lui ai dit que j’irai avec toi.» Sortis-je rapidement. Immédiatement, à l’évocation de la chasse, ma bouche s’inonda de venin et mon corps frissonna légèrement par anticipation. Le visage d’Alice s’illumina. « Suis-moi » Elle me tira par le bras et m’entraîna dans le salon. Carlisle et Esmée était assis devant la grande table et examinait attentivement un plan qu’Esmée détaillait du doigt. Lorsque nous apparûmes, Carlisle leva la tête vers moi et m’adressa un sourire. Alice me pria soudainement les épaules, tournant le dos à la table. « Ça ne t’ennuie vraiment pas Bella ? » Lança Alice en me fixant avec de grands yeux ronds. Visiblement - et malgré le fait que je ne voyais pas du tout à quoi elle pensait - elle s’attendait à une réponse. « Absolument pas. » Répondis-je complètement dans le flou le plus total. « Rosalie et Emmett sont… Occupés. Tu devrais demander plutôt à Edward de t’accompagner chasser. » « Tu es sur que ça ne le dérangera pas ? » Demandais-je, plus excitée que je paraissais l’être. « T’inquiète. Va lui demander, je suis sur qu’il ne serait pas contre un peu d’exercice. » Dit-elle avant de me faire un clin d’œil appuyé. Ah sainte Alice ! Esmée et Carlisle, qui n’avait pas remarqué notre manège, vaquaient toujours à leur échange quant aux nouveaux plans de l’escalier. Je contournais Alice légèrement et regarda Esmée. « Esmée ? Tu sais où est Edward ? » « Dans sa chambre, il me semble. » Répondit-elle avec douceur. « Ok. On se voit tout à l’heure avant de partir pour le lycée. » Lançais-je à Alice, le visage radieux. Je me dirigea vers l’étage, à pas mesurés pour me pas éveiller les soupçons de Carlisle ou d’Emée – courir comme une dingue vers la chambre d’Edward aura sans doute été un peu suspect quoique non finalement, enfin oui, enfin je ne sais plus trop – et me rendit compte du ridicule de la situation. J’avais définitivement bien ma place au lycée parmi les ados à la vue de l’immaturité complète qui m’habitait. Je souffla bruyamment lorsque je tambourina contre la porte, je vis apparaître la vision enchanteresse du sourire d’Edward lorsqu’il m’ouvrit. « Bella ? » « Alice veux rester un peu avec Jasper alors je… Je me demandais si tu voulais venir chasser avec moi. Si ça ne te dérange pas bien sur. » Dis- je en caressant l’encadrement de la porte de mon doigt. Je vis un petit rictus se former au coin de sa bouche puis il reprit contenance, croisa ses bras sur son torse et s’appuya sur le coté, un éclair d’amusement dans le regard. « Bin pour tout te dire, j’étais en train de lire… » Commença-t-il en ménageant son suspense. « … Mais je peux bien t’accompagner. » Dit-il sur un ton nonchalant. Bon sang. Comment quelqu’un peut-il être aussi énervant et irrésistible à la fois ? Edward m’ouvrit le passage dans sa chambre d’un geste galant de la main – je m’attendais presque à ce qu’il me fasse une révérence – et je sauta par la porte fenêtre en un bond assez spectaculaire. Je vis Edward à ma droite, atterrissant sur le sol avec légèreté et commençant à s’élancer à travers les arbres. Il me fallut moins d’un millième de seconde pour aller à sa poursuite, guidée uniquement par le sillage de son odeur douce qui laissait une traînée dans sa course. Bien que mes pieds ne touchèrent pratiquement pas le sol, se contentant de l’effleurer par de minuscules pressions destinées à prendre appuie pour m’élancer encore plus rapidement, je devais admettre qu’Edward était véloce. Je ne pus jamais le rattraper. Je fus heureuse de ne pas avoir fait un pari stupide avec lui genre ‘le dernier arrivée mange une pizza entière’ - dont l’idée m’avait un peu traversée l’esprit - et fus bien contente d’avoir su fermer ma grande gueule. Je me contenta de suivre sa trace et d’inhaler le parfum de son corps. Au bout de quelques minutes, je le vis apparaître devant moi, à l’arrêt. Je sentis alors ce qu’il avait probablement sentit lui aussi. Le doux fumet provenant de l’est et annonçant la promesse de la libération de la brûlure de ma gorge. A l’instar d’Edward, je ferma les yeux afin d’ouvrir mes autres sens à l’action prémédité, activant mon odorant et mon ouie afin de visualiser mentalement mes proies et mon cerveau ne mit qu’une demi seconde pour envisager la meilleur stratégie d’attaque qui me permettrait d’étancher ma soif le plus rapidement et le plus directement possible. Sans me préoccuper de ce que faisait Edward, je me mis à courir aussi furtivement que mon adresse vampirique me le permettait et commença la traque du gibier. J’aurais tout aussi bien pu y aller les yeux fermés tant mes sens étaient en éveil, évitant chaque branche, chaque arbre avec cet instinct animal qui faisait fondre ma conscience en ne devenant plus qu’un tout avec la seule pensée obsédante de ma propre soif où rien ne saurait m’empêcher d’atteindre mon but. Plus je me rapprochais, plus je sentais cet instinct prendre possession de moi où ma personnalité restait en retrait afin que ne pas perturber son éveil. Lorsque mon regard se posa sur mon obsession lancinante et que mes proies captèrent ma présence, se sauvant comme si le diable était à leur trousse, tous mes muscles se tendirent au maximum de leur capacité, je bondis sur les deux derniers animaux du troupeau et les saisit fermement, un dans sa chaque main, levant leurs carcasses hors du sol. Je planta mes crocs dans la chair moelleuse mais malodorante de celui qui se tenait dans ma main droite tandis que plaquait l’autre au sol qui continuait de se débattre bien qu’il n’eut pas la moindre chance de m’en réchapper. Le sang de la bête coula immédiatement dans ma gorge, rassasiant mon appétit avec la sensation, à chaque gorgée, que je revenais lentement à moi et que la chose, qui avait pris possession de mon corps, s’endormait à nouveau. Dans cet état de réveil, je pris conscience qu’Edward, à quelques pas de là où je me trouvais, me fixait du regard alors que je tenais la fourrure de l’animal avec une telle fièvre que j’en transperçais la peau. Une fois, m’être repue du premier, je jeta la carcasse au loin et saisit le second fermement entre mes deux mains pour plonger à nouveau dans la juteuse carotide qui m’appelait de son chant hypnotique. Lorsque j’eus fini la dernière goutte, purgeant l’animal de toute vie, je rompis le contact assez brutalement entre mes doigts et le corps asséché, avec un contentement libérateur. Je leva la tête pour m’apercevoir qu’Edward avait changé de place et m’observait à présent, perché sur une branche d’arbres, les bras se balançant dans le vide. Le sang de l’animal avait laissé un arrière-goût âpre dans ma bouche. « Et bien… » Commenta-t-il, en sautant de son perchoir pour me rejoindre. « Le spectacle t’a plu ? » Demandais-je en essuyant une goutte que je sentis perler sur le coin de ma bouche. Etant trop occupé à sucer la dernière goutte de sang que j’aurai à avaler aujourd’hui, je n’avais pas vu ni même senti qu’Edward s’était matérialisé derrière moi comme un fantôme. « C’était… Instructif. » Dit il en emprisonnant mes bras dans les siens. « Instructif ? » Demandais-je en portant une main à la jointure de ses bras. « La façon de chasser en dit long sur notre comportement. » « Et donc ? » « Il y a une sorte d’implacabilité en toi et une telle fatalité. » « Arrête de m’analyser Edward. » Dis-je en me retournant pour lui faire face. « J’essaie de comprendre qui tu es puisque tu ne veux pas me parler de toi. » Le silence qui régnait faisait froid dans le dos. Notre présence avait, semblait-il, effrayé la nature qui nous entourait. Je ne voulais pas aller sur ce terrain là avec lui, ni aujourd’hui, ni… Jamais. Quand allait-il enfin comprendre qu’à trop vouloir connaître mon passé, il irait au-delà de la désillusion cruelle et inexorable ? « Il n’y a rien à comprendre. » Me contentais-je de répondre sur un ton qui signifie que je voulais clore le sujet. Je voyais bien la curiosité exacerbée d’Edward à mon sujet. Je devinais qu’il brûlait de questions silencieuses et plus je me complaisais dans mon mutisme, plus il allait revenir à la charge. Je le savais. Pourtant, il se tut. Il se contenta de m’enlacer et de me caresser la joue du bout de son nez, humant mon odeur. « Tu es un mystère Bella… Swan… Denali… Qui que tu sois. Je sais juste que tu me fais rire, que tu aimes le Caribou, que tu peux tout casser sur ton passage, que tu es douce et sauvage à la fois, et ça me suffit. » Dit-il en s’écartant de moi et en me tendant la main. « Viens. » M’invita-t-il. Nous courûmes plusieurs minutes à travers la forêt avant de déboucher sur cette clairière qui m’était à présent assez familière. Lorsque je le vis stopper net devant moi, je manqua de lui rentrer dedans, fis une pirouette en l’évitant et tomba misérablement par terre sur le dos. Je fus prise d’un fou rire incontrôlable tandis qu’Edward me couvrit rapidement de son corps en riant. Tout d’un coup, il s’arrêta et la lividité de ses yeux fut si furtive que je me demanda l’espace d’une seconde si je ne l’avais pas imaginé. Nos deux corps se figèrent dans une immobilité précaire et j’avais l’impression qu’il suffisait d’un geste pour que le mien se remette à bouger. Son regard était ancré au mien. Des tonnes de questions et de réponses se mirent à bouillir dans mon cerveau. Ses yeux me faisaient rentrer dans une sorte de transe mystique. Je me mis soudainement à avoir très peur tandis que mes lèvres s’ouvrirent toute seule afin de poser des mots réels et tangibles sur ce que mon cœur exhalait. Mais je me ressaisis bien vite et me contenta de prendre sa nuque afin de l’attirer vers mon visage. Mes lèvres se posèrent sur les siennes de manière aussi douce et mélodieuse qu’un murmure et mes bras l’encerclèrent tandis qu’il posa sa tête au creux de mon cou. Des tas de pensées affluèrent dans mon esprit. J’avais laissé tout cela aller beaucoup trop loin. Je ne devais pas l’aimer. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas me permettre de faire taire cette souffrance, cette rage qui m’avait permis, jusqu’ici, de survivre et d’expier mes crimes. La souffrance faisait taire ma conscience, l’apaisait. Comme si ça faisait parti d’un tout, d’un équilibre. Edward menaçait cet équilibre, j’en étais consciente. La douleur me permettait d’avancer, de vivre. La disparition de la douleur me serait fatal. Je ne devais pas être heureuse, je ne le méritais pas. Le bonheur amenait son lot d’images atroces dans son sillage et ramenait ma conscience à la vie où les voix des morts s’élevaient dans mon crâne pour désigner de leur doigt inquisiteur le responsable de leur trépas. Pour me désigner moi. Le bonheur briserait le mur derrière lequel mes fantômes étaient prisonniers et abattre ce mur, les libérait tous. Je lutterais de toutes mes forces pour ne pas me laisser engloutir par cet amour, j’étais assez forte. Et Pourtant… Pourtant, une infime partie de moi me soufflait que j’avais la main sur la boîte de pandore (1) et qu’elle menaçait de m’exploser en pleine gueule. - À SUIVRE (1) Mythologie grecque. Pandore était une femme à qui il avait été confié une boîte - qu’il lui fut interdire d’ouvrir - contenant tous les maux de l’humanité, notamment la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion et l’espérance. Malheureusement, elle céda à la curiosité et l’ouvrit, libérant ainsi sur la Terre tous les maux qu’elle contenait et plongeant le monde dans le chaos. (Merci wikipédia)