LETTRE D’UN PÈRE À SON PÈRE

Il y a parfois des choses qui sont essentielles, des choses dont un père à besoin de dire à son propre père.


Lettre adressée à mon « père».

Carlisle,

Si je te disais qu’hier soir j’ai reçu la visite impromptue de mon cher ami Jacob qui avait une envie subite de se dévoiler ? J’aimerai te dire que non, que je te donne juste une excuse pour le peu de présence d’hier soir mais il n’en n’est rien.

Il est rare de voir Jacob aussi dépressif. À croire que ma fille lui tourne entièrement la tête. Hélas je sais bien que c’est un peu ça l’imprégnation et j’aimerai te dire que je me fiche de ses sentiments malheureusement pour moi ce n’est pas le cas. Je sais par où il passe même si parfois je trouve ses états d’âmes assez ridicule quand on connaît l’âge de Renesmée. Ma fille n’a même pas deux ans en âge humain et ne paraît pas plus qu’un jeune enfant. N’est-il pas malsain le fait qu’il soit aussi «  accro à elle » ?

Je n’ose trop m’exprimer auprès de Bella sur mes doutes et incertitudes dans la mesure ou tout ce qui touche de près ou de loin Jacob et notre fille la met dans des états impossibles.

Moi-même, je me suis habitué à cela sans pour autant rester un peu dubitatif… Je ne sais ni quoi faire ni quoi lui dire. Qu’il vive sa vie, passe à autre chose ? Qu’il arrête d’être aussi protecteur et collant auprès de la petite ? Je sais qu’ils s’adorent et que Renesmée ne peut se passer de sa présence. Parfois je me dis qu’elle l’aime plus que moi. Pourtant… Pourtant je comprends sans pour autant ressentir un peu les affres d’une certaine jalousie à son égard. J’aimerai aussi et tant qu’on me laisse un peu mon « bébé » le temps d’être père et d’être appelé papa avec ce petit rire enfantin dans la voix.

Je me sens assez contradictoire quant aux sentiments qui m’animent à ce sujet et cela ne m’était jamais arrivé. Bien qu’il soit tout à fait logique et normale que ce fusse le cas : Je n’aie jamais été père auparavant.

Je ne sais pas trop si tu comprends bien ce que j’essaie de te dire car moi-même je me trouve assez confus dans mes lignes.

En sommes je crois qu’être père n’est pas évident et que cela s’apprend, j’en conviens mais si seulement on me laissait plus d’année pour apprécier l’étendue de ma chance. Ma petite fille qui sera d’ici peu une femme. Cela me ravi et m’effraie à la fois. Je sais qu’il en est de même pour Bella même si nous n’en parlons pas vraiment : Encore jeunes mariés nous ne prêtons essentiellement attention qu’à nous même et je t’avoue que la peur de ne pas voir « grandir » la petite me paralyse parfois.

Bien sûr, je suis heureux que vous vous en occupiez tous avec autant de ferveur. Je sais qu’elle a de la chance, que nous avons de la chance d’avoir une famille aussi proche et aimante mais hier soir quelque chose s’est ouvert en moi.

Je tenais Renesmée dans mes bras, pendant que Jacob et Bella s’entretenaient de diverses choses… J’étais devant mon ordinateur à tenter de suivre la soirée virtuelle d’Emmett en l’honneur du grand gagnant quand la petite m’a montré des images de sa vie, de ses journées… essentiellement avec vous, Jacob et sa mère mais moi ? Il y en avait si peu. J’ai compris alors que ma fille voulait partager aussi des souvenirs avec son père. Elle voulait que nous soyons plus proche.

Comment ais-je pu la négliger à ce point Carlisle ? Il est vrai que l’amour que je porte à Bella m’accapare énormément de temps, que je ne vis grâce à elle que pour elle mais ma fille ?

Indéniablement je l’aime mais je me rends compte que je ne passe pas assez de temps avec elle. L’aurais-je négligée à ce point au profit de ma relation avec sa mère ?

Je me pose tellement de question sur la paternité que je m’y perds. Toi Carlisle tu sembles si à l’aise avec tes enfants. Tu as toujours été présent dans nos vies sans pour autant négliger ton travail ni ta femme et vice et versa.

Je sais bien qu’il n’y a aucun conseil valable pour être un bon parent. Que l’amour de son enfant devrait suffire à nous guider vers les bons choix. Suis-je égoïste ? J’ai été seul depuis tant de temps, simple spectateur de vos bonheurs partagés. Est-il anormal d’être si empressé et égoïste quand moi même je trouve et goûte enfin ce bonheur ?

Sincèrement aie-je le droit de me plaindre, moi qui en plus d’avoir trouvé mon âme sœur, aie aussi eu l’opportunité d’être père naturellement. Cela paraît si impensable que cela relève du miracle.

Mon bébé, ma petite fille, hier, j’ai vraiment eu le sentiment de ne pas vraiment faire partie de sa vie à cent pour cent. Sans doute aie-je tort mais ce sentiment ne me quitte plus. J’ai tant de chose à faire avec elle avant qu’elle ne me quitte, qu’elle ne nous quitte pour rejoindre Jacob. Parce que c’est ce qui arrivera, je le sais.

Jacob qui s’apitoie déjà sur son sort de ne pas l’avoir pour lui maintenant. Je pense que lui aussi va recevoir un courriel prochainement de ma part à ce sujet.

Il l’aura pour bien plus longtemps que moi je ne l’aurais alors, serait-il dur qu’il me la laisse exclusivement un tout petit peu ? Pour moi et rien que pour moi ?

Avant de conclure et d’apposer ma signature, j’ai relu cette lettre et force est de constater que Jacob n’était qu’un premier prétexte à ma propre complainte concernant Renesmée.

À croire qu’il est dur pour un père de se remettre en question.

Enfin, j’espère Carlisle que tu comprendras mon besoin de coucher par lettre ce qui me tenais à cœur depuis hier soir. Sans doute n’auras-tu pas de réponse à m’apporter mais le fait de te l’avoir écrit me fait du bien. Cela me permet d’y voir plus claire dans mes intentions concernant ma propre famille.

Tu sais à quel point ta présence m’est essentielle ainsi que celle de ma chère maman.

Celui qui restera à jamais ton fils,

Edward

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