JE SUIS LE PRÉDATEUR, VOUS ÊTES MES PROIES

Je sens qu’Artemissia va me haïr, ainsi que vous lecteurs, enfin lectrices de son blog. Depuis ce fameux jour où elle a publiée son récit inconvenant, j’avais envie de vous exposer mon propre point de vue quant à une suite éventuelle. Je vous l’avoue ça m’a travaillé. Comment aurais-je pu réagir face à l’amour de ma vie en plein ébat solitaire?
Je vous livre ma version de faits éventuels avant celle d’Artemissia. Si jamais ça te dérange, tu pourras la retirer. Malgré tout j’aimerai bien te dire que j’en suis désolé mais une partie de moi se réjouit à l’avance de t’avoir coupé l’herbe sous le pied.

Je suis le prédateur, vous êtes mes proies.

Je m’amuse à vous tenir dans le creux de mes mains, à vous paralyser de peur et de terreur. Je me délecte en vous hypnotisant de mon regard. Vous me craignez plus que tout et à juste titre. Vous avez raison et je ne saurais y voir là qu’un geste de grande sagesse, rassurez-vous.

Ne l’oubliez jamais :

Je suis le prédateur, vous êtes mes proies.

Pourtant, il se trouve sur cette planète un petit agneau d’un incroyable courage ou plutôt d’une incroyable stupidité qui n’a pas compris que plus loin il serait de moi, mieux ce serait pour lui.
Mon agneau est si inconscient qu’il n’hésite pas, chaque jour que dieu fait, à venir se jeter dans la gueule du lion sans inquiétude ni arrière pensée.

Mon agneau a la fâcheuse habitude de s’attirer le moindre danger. Moi, le lion masochiste n’a toujours qu’une idée en tête : le sauver. Le sauver pour mieux me l’approprier. Pieux mensonge ou vérité éhontée ? Parfois mon esprit doute du bon vouloir de mes sentiments bestiaux. L’envie de le dévorer tout cru est si vitale pour moi que je m’estime toujours incroyablement lorsque l’envie m’en passe. Pas que cela soit facile, justement et bien au contraire ! Cela requiert de ma personne tant d’effort que vous prendriez vos jambes à votre cou si je lui révélais un quart de mes instincts de chasseur. Bien qu’elle en connaisse une partie, convenons-en.

Grand bien lui fasse car cela n’arrivera jamais. En bon lion masochiste, je suis tombé éperdument amoureux de cet agneau. Je l’aime au point que je ne pourrais vivre s’il n’existait plus. Ni je n’imagine ni ne fais de rajout de mes sentiments à son égard. En bon prédateur il n’y a pas de place aux surplus. De la FAIM à l’autre faim il n’y a pas vraiment de différence, j’en conviens bien depuis que je l’expérimente.

Je me remémore encore certaines conversations que j’ai pu avoir avec mes frères à ce sujet. Une des choses qui caractérise si bien les gens de notre espèce : C’est la chasse et le sexe, les deux vont de pair mais s’il n’y avait que ça !  Plus d’une fois j’ai surpris les pensées de mes frères et c’est toujours avec un certain gène que j’ai tenté de fermer les canaux qui les relient à moi. Savoir que pendant l’acte de chair  l’envie de sang est à son comble m’a toujours profondément horrifié. Je n’ai absolument pas envie de laisser le monstre en moi parler pendant ces instants et encore moins maintenant. Surtout avec elle. Justement PAS avec elle ! La raison sur la chair.

Heureusement pour moi, Dieu, dans sa grande mansuétude, m’a fait un cadeau que peu d’homme m’aurait envié le jour de leur mort : Je n’ai jamais connu de femmes au sens biblique du terme. Pas une seule. Je n’ai donc jamais ressenti l’envie d’étreintes sauvages et passionnées avec les membres de l’autre sexe. Cela m’a toujours indifféré au plus haut point. Je me suis toujours suffit à moi-même.

Jusqu’à ce jour.

Jusqu’à maintenant.

Quoique, je serais bien incapable de faire la différence sur certaines de mes émotions présentement. Elles sont si étroitement liées que je me maudis toujours d’être cet être si faible et égoïste. Si vraiment je tenais à elle plus que tout, je partirais loin mais ma nature me l’interdit. Elle est mienne et j’ai fait le serment le jour où je me suis enfin décidé à rentrer dans sa vie, de la protéger de tout y compris de moi-même.

Mon agneau est rebelle et il est de plus en plus difficile pour moi de contenir certaines pulsions.  Pulsions qui pour le moment restent une véritable énigme pour moi. Des envies que je confonds souvent avec la faim sauvage et carnassière dues à mon état.

Ce soir, ce que j’ai vu n’a laissé aucun doute ni sur mes peurs, qui sont au fond (je l’avais toujours su) bien fondées ni  sur mes sentiments humains à son égard.
Je peux enfin me l’avouer : Je crève d’envie d’elle. À un point, pauvre inconsciente, que si elle le savait, elle  n’aurait jamais agi aussi imprudemment. Son odeur m’a littéralement rendu fou. Je fus à un doigt de lui sauter dessus.

Vous savez chers lecteurs, vous me prenez toujours pour un jeune saint qui se monte le bourrichon pour un rien. Vous me l’avez réclamé, je vais donc vous dire ce qu’il serait advenu d’elle si je l’avais rejoint cette nuit.

Son odeur, dans ses moments d’intimes excitations, était si forte qu’elle m’en avait retournée l’estomac, m’empêchant de réfléchir posément et de reprendre le contrôle sur moi-même. Entendre son cœur battre la chamade et son sang circuler aussi rapidement dans ses veines m’a rendu presque fou. La bête en moi voulut immédiatement se jeter sur elle, pauvre innocente abandonnée à ses plaisirs nocturne dont j’étais le héros.
Quelque chose de fort et de nouveau s’est insinué en moi et je peux dire que pour la première fois depuis longtemps je me suis rappelé ce que cela était d’être un homme. Je ne me suis jamais senti aussi mal de toute ma longue existence. Je sus à cet instant que présentement j’avais envie d’elle. Mon corps, enfin une partie de mon corps  me le faisait bien comprendre mais une autre partie plus vicieuse plus monstrueuse réclamait la violence et le sang. SON sang. Je pouvais sentir ses effluves entêtant et  la salive me monta vite à la bouche.
Comme pour mieux me torturer, j’entendis alors mon prénom prononcé en une douce litanie de sa voix enfiévrée par la passion. Je me mordis violemment la lèvre inférieure de mes dents pour mieux contrôler mes émotions. J’étais à deux doigts de commettre l’irréparable. Un goût métallique dans ma bouche m’appris que je saignais. Fou de rage envers moi-même et l’inconsciente qui s’était abandonnée ainsi dans l’antre du lion, je partis hors de la chambre, loin d’elle, le plus loin possible.

Je courus et courus encore et encore comme seul un être de ma race sait le faire. Il me fallait chasser quelque chose  vite et rapidement avant que je ne détruise tout sur mon passage.

Pour la première fois de ma vie je me suis attaqué à un ours. Un de ceux qu’Emmett affectionne tant. Aveuglé par des émotions incontrôlables, violentes, inhumaines, je me mis à hurler aussi fort que je le pouvais et pris à bras le corps cet animal réputé pour être le meilleur lutteur de la planète. En quelques prises je le retourna sans difficulté sur le dos et lui cassa les deux pattes avant.  Je sentis mes lèvres se retrousser sur mes dents, dévoilant leur blancheur et leur tranchant. D’une main j’arrachais avec violence et mépris une partie de la fourrure de la bête qui grogna d’un son rauque et suppliant. Je plantais derechef mes crocs dans son col, à sa jugulaire, pour apaiser cette faim destructrice qui s’était emparée de moi. Je bus, bus jusqu’à l’apaisement total. Je me sentais damné d’une malédiction incontrôlable. Une fois que j’eus fini d’assouvir mes instincts de monstre, je m’essuya la bouche avec le bout de ma manche.

Presque rassasié, je m’assis à même la terre près des restes de mon repas. J’aurais voulu éprouver un  peu de honte mais je me sentais presque apaisé. Rasséréné que ma victime ne soit pas l’amour de ma vie. Un rire sourd me secoua le torse.

Tant bien que mal je tentais de remettre de l’ordre dans mes pensés. J’étais fou. Fou d’aimer une humaine qui n’avait aucun avenir avec moi. Tant qu’elle le resterait elle ne serait jamais en sécurité.  Moi qui pensais pouvoir me contrôler, j’en avais été bien incapable ce soir.  Une preuve de plus qu’il était néfaste que nous restions ensemble.

Bella Swan, ma raison d’être, ne se doutait pas qu’en voulant faire l’amour avec moi c’est la mort qui l’attendait.

Quitter la version mobile