LE MONSTRE

À vous,

En cette fin de journée je me sens tel un monstre à qui l’on aurait insufflé un peu d’humanité. Un peu mais pas assez pour me rendre totalement inoffensif.
Le besoin de mordre, ce besoin si primitif d’aller chasser. Bien sûr j’ai appris à épargner l’humanité même sa lie. Parfois c’est dur. Je me vois tel un Lestat en mal de fluide vitale, boire à la source d’individu peu recommandable. Non je n’oserai jamais ça. Pas parce que c’est mal—n’oubliez pas je suis un monstre. Non parce que j’aurai peur de prendre une part d’eux même et de devenir moi-même ce que j’honni au plus haut point.
Inévitablement cela me ramène à ma seconde naissance. Telle une bête assoiffée de sang. Carlisle aura eu bien du mal. Comme je l’ai d’abord haï après avoir compris ce que j’étais devenu. Pourtant je m’y suis vite résigné comme une fatalité.

Peut-être aussi un peu de dénégation.

Quoiqu’il en soit, j’aurai beau chasser la bête dans les bois enfin de compte j’en resterai moi-même une et ce quoique je fasse.
J’ai envie de tuer, c’est plus fort que moi. J’ai envie d’entendre le cœur de ma victime chérie battre follement lorsqu’il comprendra qu’il arrive en fin de course. J’ai envie de sentir la dernière gorgée de ce sang si doux, si métallique entre mes dents et de l’entendre expirer lorsque son âme s’envolera dans des cimes inconnues.
Relever alors ma tête d’une jouissance extatique que seul le sang humain peut vous apporter. L’orgasme charnel.
Vous voyez je hais cela mais je ne peux m’empêcher d’y fantasmer parce que…

Je suis un monstre.

© Pika( Rebecca M)
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