La révolte ou la paix de Malorie Blackman
De quoi ça parle ? Dans la société où vit Mikela, la seule règle qui vaille est celle de la paix… à tout prix. Personne, jamais, n’est en colère, fâché, triste, encore moins furieux ou désespéré. L’agressivité est proscrite et les autres émotions éteintes. Quand le vaisseau spatial que dirige sa mère est attaqué et menacé de destruction totale, Mikela comprend que la population ne se défendra pas. Alors, la jeune fille décide de se battre. Même si c’est interdit. Car il faut bien savoir se révolter. Non ? |
Mon avis
Imaginez une société, où toute forme de violence est prohibée, et où les livres et autres objets culturels comportant des scènes de brutalité, de combat, etc. le sont aussi. Ainsi, dans celle où vit Mikela, la lecture d’ouvrages tels que Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter, Hunger Games et autres grands classiques, bien qu’ils existent, est fortement proscrite. Quelle tristesse !
En outre, les individus de ce monde, plus ou moins formatés pour être pacifistes et non violents, sont « contrôlés » à l’aide d’un « pacifieur » qui adoucit leur caractère. Je ne sais pas si je trouve cette idée utopique d’un monde sans colère ni animosité effrayante ou séduisante. Effrayante, parce que le « pacifieur » est quand même un instrument qui manipule les personnes et permet un large contrôle des masses. Séduisante, parce qu’un monde sans conflits, sans guerres, sans massacres, sans attentats, c’est quand même plus agréable.
Mikela, fille de la commandante Corbin en charge du vaisseau Kitabou qui sert de décor à l’histoire, est une demoiselle un peu têtue et rebelle, qui n’hésite pas à enfreindre parfois les règles imposées par sa mère. Elle a, d’ailleurs, trafiqué son « pacifieur » afin de réduire l’emprise que l’appareil avait sur elle. Forcément, dans ce monde un peu aseptisé, elle se démarque et on la trouve très vite attachante. On ne peut que l’admirer pour sa bravoure, son héroïsme et son altruisme.
Dans ce roman joliment illustré par Auren et pensé pour les réfractaires de la lecture et les lecteurs de tous types, Malorie Blackman salue le pouvoir du courage, de la compassion et de la solidarité, mais aussi le sens du sacrifice. On en retire l’idée qu’il faut parfois se battre pour défendre ses convictions ou les gens que l’on aime, quel qu’en soit le prix, mais sans être obligé de tuer pour autant. Résister a parfois du bon, même si les chances semblent contre nous, parce qu’on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Un petit acte de bravoure peut avoir une portée infinie.