Le journal rouge de Lily R. Davis
« Avec quelle force me battrais-je encore pour quelques mots ? Des mots… Des mots que nous jetions sur le papier ; une drôle de façon de lever le poing ; de hurler. Des mots pour se révolter. Des mots pour tout changer ! »Nous sommes en 1965, à Washington. Tout le monde reprend en chœur les refrains des Beatles et les slogans lors des marches citoyennes. La jeunesse se soulève contre la ségrégation, contre la Guerre. La jeunesse veut aimer sans contraintes. C’est la génération hippie. Rose a passé des années dans un pensionnat pour jeunes filles et si elle regarde de loin cette nouvelle liberté, elle ne sent pas le droit d’y plonger. Orpheline, recueillie par un oncle Colonel dans les Marines et basé à Saigon, Rose se sent prise aux pièges. Elle invente alors Max. Un pseudonyme derrière lequel elle se cache pour écrire des chroniques dans un journal universitaire. |
Mon avis
Comme souvent dans mes choix livresques, la couverture de ce livre m’a interpellé et le résumé m’a intrigué. Une bonne occasion aussi de découvrir la plume de Lily R. Davis. Et quelle plume ! Grâce à elle j‘ai passé un chouette moment de lecture !
On est transporté dans une Amérique déchirée par la guerre du Viêtnam et l’émergence du mouvement hippie. Les corps n’hésitent plus à se dénuder, la morale est repoussée dans ses derniers retranchements mais la jeunesse s’éveille et ose contester une guerre et un racisme qu’elle ne peut plus tolérer. Les générations s’entrechoquent et comme on le sait tout ne s’est pas déroulé en douceur malgré les fleurs…
C’est dans cette ambiance que nous suivons la belle et douce Rose qui a reçu une éducation rigide et qui souhaite rentrer dans le moule pour ne pas décevoir. Mais Rose a bien conscience qu’une vie bien rangée n’est pas pour elle car au fond de son cœur brule une flamme qu’elle ne peut plus ignorer. Elle n’hésite pas à prendre la plume, chose pas encore tout à fait convenable pour une femme, pour dénoncer les inégalités, les horreurs de la guerre, la ségrégation… Rose écrit pour tous les opprimés de cette douloureuse époque et même si elle n’embrasse pas totalement le mouvement « peace and love » elle reste une activiste engagée, prête à tout pour défendre les valeurs auxquelles elle croit et faire entendre sa voix.
C’est un livre très bien écrit, riche en information et documentation et écrit avec une plume merveilleuse. Les pages ont défilé rapidement et j’ai adoré découvrir l’Amérique de cette époque même si je n’aurais pas aimé y grandir. J’ai frôlé le coup de cœur mais les hésitations trop fréquentes de la douce Rose m’ont parfois quelque peu agacé.
Malgré ce petit bémol, la romance décrite dans ces pages m’a chamboulé tellement les mots qui la décrive sont puissants. On ressent tout à travers ces lignes… Le bon comme le mauvais. Lily R. Davis a une plume magique !
Le sujet abordé est en plus difficile ainsi que rarement traité et c’est donc avec beaucoup de curiosité que j’ai suivi l’histoire de Rose. Elle aura pour toujours mon admiration. Cette jeune femme si peu douée pour partager oralement ses sentiments, a choisi de mettre tout son cœur dans les mots qu’elle griffonne sans cesse dans son journal rouge… Rose est tellement forte au fond d’elle… Elle ne peut qu’inspirer le respect car elle ne dévie jamais dans ses convictions malgré toutes les épreuves qui se dressent sur son chemin…
Le journal rouge est donc un livre qui vous fera découvrir un pan de l’histoire peu abordé mais pourtant tellement important. Vous découvrirez une jeune femme qui a choisit de se battre avec les mots, et qui malgré les risques, ne perdra pas de vu ses convictions. Sans oublier la romance qui fera chavirer votre cœur !