Vies volées : Buenos Aires, Place de mai de Matz et Mayalen Goust
De quoi ça parle ? « Les parents, ce sont ceux qui mettent à manger sur la table, qui te racontent une histoire le soir avant de dormir ou te filent une baffe quand tu franchis les limites. Pas ceux qui te mettent au monde et t’abandonnent. – Je suis d’accord avec toi mais là, on parle d’enfants volés, de parents assassinés. Ce n’est quand même pas tout à fait la même chose qu’ une adoption, non ? » De 1976 à 1983, la dictature militaire qui régit l’Argentine fait disparaître près de 30 000 opposants politiques, pour la plupart assassinés. Parmi eux, des jeunes femmes enceintes auxquelles leurs enfants seront arrachés à la naissance. Depuis 1977, leurs grands-mères recherchent ces 500 bébés volés… » |
Mon avis:
Tout débute sur un sentiment de doute... Nous suivons Mario, jeune étudiant qui est tiraillé par une question: Ses parents sont-ils véritablement les siens ? Ou fait-il partie de ses 500 bébés volés lors de la dictature militaire?
Afin d’obtenir enfin une réponse, il décide de subir des analyses ADN. Son meilleur ami, Santiago, décide de l’accompagner pour le soutenir dans cette épreuve. Les révélations vont, à tout jamais, chambouler la vie des deux jeunes hommes
La première fois que j’ai entendue parler de ces grands-mères de la Place de mai, c’était lors d’un cours d’espagnol au collège. Nous avons même eu droit, pour l’occasion, de voir un film traitant du sujet, « L’histoire officielle« . J’étais effarée par le vol de ses nombreux bébés et impressionnée par ses femmes fortes qui luttent encore aujourd’hui pour retrouver leurs petits-enfants. C’était un sujet qui m’avait beaucoup marqué plus jeune. Je fus donc vraiment curieuse de voir comment ces terribles événements allait être traitée dans cette B.D.
Côté scénario, Matz a choisi de traiter ce thème par l’aspect humain, plus précisément, à travers 3 protagonistes qui seront confrontés à des non-dits, à un passé qui n’a plus de racine et à une révélation qui chavire ce que vous prenez pour acquis. L’émotion est vraiment palpable que se soit par les dialogues échangés et le chemin que va prendre chacun d’entre eux suite aux révélations. Bien sûr, ce ne sont que des personnages fictifs, mais sachant qu’ils évoluent dans un fait historique qui a détruit la vie de nombreuses familles, vous ne pourrez pas rester insensibles. Je trouve juste dommage que l’histoire des grands-mères de la Place de mai ne soit pas plus exploitée et qu’il y’ait peu d’informations sur la dictature militaire de cette période. Pourtant, bien que le sujet soit difficile, le récit n’est pas totalement sombre et a ses petits moments de légèreté (par exemple, avec l’amitié des deux jeunes hommes).
Quant aux illustrations de Mayalen Goust, j’ai été charmé par la sensibilité qu’elle y apporte avec ses couleurs douces qui contrastent avec les événements, parfois difficiles, qui se déroulent. J’ai particulièrement apprécié les détails reflétant les états d’âme des protagonistes:
– Lorsque l’un d’entre eux va perdre ses repères, les traits de son visage sont effacés et il semble être entouré d’un brouillard qui le coupe de tout.
C’est l’une des premières images qui m’ont marqué… Et elle ne sera pas la seule.
Pour conclure, je vous invite vivement à découvrir cette oeuvre riche et fort bien illustrée nous rappelant une période sombre qui a malheureusement encore un impact lourd des décennies après sur la vie de nombreuses personnes.
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