Mon avis
Aujourd’hui, je vous emmène faire un petit tour en enfance. J’ai toujours été une grande fan de contes, et Le Petit Poucet figurait parmi mes favoris. Avez-vous déjà imaginé une seule seconde que l’Ogre puisse un jour écrire à Poucet pour se repentir et lui demander pardon ? Moi, jamais. Christophe Mauri et Marie Caudri, eux, l’ont fait dans ce roman à destination des 8-11 ans, et voila ce que ça donne…
Un ouvrage composé de trente lettres, et d’illustrations drôles et colorées, à l’image du texte. Le style graphique n’est pas forcément à mon goût, mais je trouve cependant les dessins très bien réalisés. Ils illustrent parfaitement les moments forts de chacune des lettres échangées entre l’Ogre et Poucet.
Dans leurs écrits, les deux personnages osent aborder leurs moments de doute et de faiblesse, de remise en question. Tour à tour, ils ne savent plus vraiment qui ils sont. L’Ogre vieillissant, souffre d’un cruel manque de confiance en lui, il en vient même à avoir peur des enfants, et je trouve que cela fait réellement peine à lire. Les rapports de force présents dans le conte initial se retrouvent inversés et c’est l’Ogre qui occupe désormais le rôle du personnage le plus vulnérable. De son côté, Poucet n’est pas en reste, puisqu’il doute de ses capacités à être un bon héros, puis de sa propre identité.
Hélas ! cher Petit Poucet, voilà où je suis tombé : en retraite forcée. Les petits enfants savent bien que je n’ai plus de bottes de sept lieues et que je n’y vois plus très clair. C’est à peine si j’ose quitter ma chaumière, de peur d’en croiser dans les bois.
L’épouse mon ogresse me dit qu’il faut devenir végétarien, que c’est à la mode de nos jours. Aussi, quand le printemps viendra, nous cultiverons des laitues.
De cette correspondance, naît l’idée d’une nouvelle version du conte, racontée par l’Ogre. La sortie du livre connait un succès retentissant. L’histoire de Poucet et de l’Ogre se transforme alors en véritable effet de mode et devient un objet marketing, tout un chacun essayant d’en tirer son petit profit.
Finalement, ce livre qui se dévore et se voulait drôle (mais qui, heureusement, se termine bien… pour presque tout le monde) m’a rendue un peu triste et a pris une tournure à laquelle j’étais très loin de m’attendre. En bonne critique de la société actuelle, il montre aux lecteurs qu’aussi fort ou rusé que l’on soit, personne n’est infaillible, et que le plus important dans la vie, c’est de rester soi-même. Parfois, même avec la meilleure volonté du monde, certaines choses ne sont pas vouées à changer.