Dans la peau d’une bête de Charles Foster

Dans la peau d’une bête de Charles Foster

Charles Foster - Dans la peau d'une bêteBroché : 250 pages
Editeur : JC Lattès
Date de sortie : 3 mai 2017
Collection : Essais et documents
Langue : Français
ISBN-10: 2709659662
ISBN-13: 978-2709659666
Prix Editeur : 20€
Disponible sur Liseuse : OUI

De quoi ça parle ?

« Je veux savoir quel effet ça fait d’être en animal sauvage… je décris le paysage, la vie tels que les perçoivent un blaireau, une loutre, un renard, un cerf et un martinet. A cette fin, je recours à deux méthodes. Je m’immerge d’abord dans la littérature physiologique pertinente et découvre ainsi ce que l’on a appris sur le fonctionnement de ces animaux. Ensuite, je m’immerge dans leur monde. » C.F

Et effectivement, Charles Foster a vécu plusieurs semaines dans la peau d’un blaireau, dans un trou et a mangé des vers. Comme une loutre, il a nagé dans des rivières du Devon, comme un renard citadin, il a fouillé les poubelles de l’est de Londres ; comme un cerf, il a brouté l’herbe des Highlands d’Ecosse. Et pour se rapprocher des martinets, il a suivi jusqu’à l’obsession leur route migratoires entre Oxford et l’Afrique de l’Ouest.

Avec un sens de l’observation qui rassemble à la fois les connaissances scientifiques, la sagesse, la beauté et aussi l’humour, Charles Foster nous offre une plongée unique dans le monde animal et une réflexion profonde sur nos sens et notre instinct.

Profondément sérieux, parfois hilarant et toujours tenu par une écriture brillante Dans la peau d’une bête ne ressemble à rien de ce qui a été publié sur la vie animale et sur la frontière qui sépare l’homme de la nature.

Mon avis 

L’Homme a de nombreux défauts, mais de ses qualités la curiosité en fait partie. Charles Foster s’est lancé le défi de savoir, de comprendre l’effet que cela faisait d’être animal, de vivre dans la vie sauvage. Dans l’absolu, je ne pourrais dire si il a réussi, mais il aura au moins essayé.

Dans la peau d’une bête est une curiosité littéraire de toute part, autant dans le sujet que dans l’expérience qui a permis à ces mots de naître. Son auteur parle de  « Chamanisme littéraire », personnellement je le décrirai comme une petite folie à la croisée des neurosciences, de la philosophie et d’une poésie sensible.

Charles Foster, nourrit par une dense littérature scientifique et par une féroce envie d’être animal, a cherché la méthode pour saisir et franchir la frontière ténue qui nous sépare de ce monde sauvage, de ces inframondes même. Il est devenu hybride, mi-homme, mi-animal, mi-savant pour plonger, ramper, voler dans une expérience sensorielle unique.

Il y a quelque chose d’un peu risible voire fou dans le fait d’imaginer un homme jouer à l’animal, mais cela est surtout fascinant. N’est pas blaireau, loutre, cerf, renard ou martinet qui veut. C’est un travail de patience, d’ennui, de lutte contre ses propres angoisses existentielles et de remise en question. J’ajouterai même, de courage.

Car comme tout homme occidental, Charles Foster a dû sortir de sa zone de confort, de la bulle artificielle dans laquelle nous vivons tous et qui annihile nos sens par trop d’asepsie. Et il y a quelque chose de grand et de beau dans cette démarche vers un retour aux essentiels, dans le prosaïsme le plus total. Entre déambulations diurnes, errances nocturnes et sommeil au sein même de la nature, il y a une reconnexion au contact des éléments premiers, un lien intime avec la terre qui se rétablit. Avec une terre nourricière qui héberge à nouveau l’homme qui réapprend à vivre ou survivre.

Une pureté quasi enfantine qui se dégage de cette expérience, une innocence dans la façon de ressentir toutes ces nouvelles sensations. Car enfant nous avons tous été un peu animal ou voulions l’être. Mais ce n’est pas parce que l’on sait tout un tas de choses sur ces animaux ou qu’on les imite que l’on peut en devenir soi-même un. Manger des vers, ramper à plat ventre dans la boue ou se laisser pousser la moustache n’y changera pas grand-chose. Qui peut se targuer de décrire la sensation de voler alors même que les ailes nous font défaut ?

Charles Foster est le premier à reconnaître les limites de son travail, mais il devait les trouver avant de les admettre « La conviction précoce de maîtriser ou comprendre les choses enfante des montres » a-t-il dit. De mon côté, j’ai perçu cette expérience comme un jeu, un jeu sérieux pour apprendre à mieux connaître l’Autre. Et j’ai énormément appris de cette plume qui séduit par un délicieux ton anglais forcément absurde, décalé parfois tendre et une science vulgarisée, mais pas corrompue ni bien-pensante.

« J’avais l’intime conviction que si je voulais ressembler à un renard, il me fallait avant tout être très vivant (ce qui est très réconfortant), ou splendidement mort (ce qui est beaucoup plus bizarrement réconfortant). »

Je me suis aussi prise au jeu, en allant dans les bois avec mon bouquin me trouver un endroit abrité et qui surplombe pour lire. Mais je n’ai pas lu une ligne, seulement ressentie, vécue dans le présent comme une animale à l’écoute de ses sens. Et puis je me suis résignée à l’idée de ne pas être complètement Animal, pas dans leur peau, ni à leur place, mais juste à leur côté par simple empathie.

Aujourd’hui les animaux sont considérés comme des êtres sensibles, pourtant cela est loin d’empêcher toute inconsidération – et cruauté à leur égard. C’est un constat effarant tout en étant d’un commun insupportable. Alors lire les mots de Charles Foster, un homme qui aime la vie sauvage, qui même la glorifie, a eu un effet apaisant le temps d’une parenthèse.

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Songe d'une nuit d'été

Songe d'une nuit d'été est un blog culturel tenu par Artemissia Gold / Julie F. et consacré à la littérature sous toutes ses formes entre autre chose, mais aussi aux séries TV, Films et tout ce qui touche au domaine du loisir.

5 Commentaires

    1. Oui! C’est un bel écrit et qui fait voyager aussi en quelque sorte. Il parait que le livre est en cours d’adaptation cinématographique, mais alors je me demande vraiment comment c’est possible car c’est vraiment un livre à part… affaire à suivre! Ps: ton blog a l’air vraiment bien 😉

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