:star: Sharko de Franck Thilliez
Broché 576 pages
Editeur : Fleuve éditions
Date de parution : 11 mai 2017
Collection : [Hors collection] Langue : Français
ISBN-13: 978-2265115590
Disponible sur liseuse : Oui
Prix éditeur : 21,90€Son résumé : » Sharko comparait toujours les premiers jours d’une enquête à une partie de chasse.
Ils étaient la meute de chiens stimulés par les cors, qui s’élancent à la poursuite du gibier.
À la différence près que, cette fois, le gibier, c’était eux. «Eux, c’est Lucie Henebelle et Franck Sharko, flics aux 36 quai des Orfèvres, unis à la ville comme à la scène, parents de deux petits garçons.
Lucie n’a pas eu le choix : en dehors de toute procédure légale, dans une cave perdue en banlieue sud de Paris, elle a tué un homme. Que Franck ignore pourquoi elle se trouvait là à ce moment précis importe peu : pour protéger Lucie, il a maquillé la scène de crime. Une scène désormais digne d’être confiée au 36, car l’homme abattu n’avait semble-t-il rien d’un citoyen ordinaire et il a fallu lui inventer une mort à sa mesure.
Lucie, Franck et leur équipe vont donc récupérer l’enquête et s’enfoncer dans les brumes de plus en plus épaisses de la noirceur humaine. Cette enquête autour du meurtre qu’à deux ils ont commis pourrait bien sonner le glas de leur intégrité, de leur équilibre, et souffler comme un château de cartes le fragile édifice qu’ils s’étaient efforcés de bâtir.
:star: Mon avis :
Je lis des polars, des thrillers et des romans noirs depuis plus de vingt ans (hashtag mamie) mais jusqu’alors, j’avais rarement trouvé une intrigue qui se présentait de cette façon. Il aurait pourtant fallu s’y attendre de la part de Franck Thilliez, un des piliers du roman policier en langue française, qui depuis plus de dix ans a habitué ses lecteurs aux explorations de l’âme humaine dans ce qu’elle a de moins reluisant et aux enquêtes sordides à chausse-trappes. Sharko aura été, au fil des pages, une surprise sans cesse renouvelée, un livre difficile à lâcher et j’en remercie infiniment l’auteur.
D’abord, c’est merveilleusement écrit. Le style est impeccable, le vocabulaire varié. Les passages les plus glauques (et il y en a) sont décrits sans complaisance et laissent suffisamment de place à l’imagination pour que le lecteur se fasse froid dans le dos tout seul. L’enquête en elle-même est décrite de telle façon que le suspens serre la gorge constamment et quant aux scènes « de famille » entre Sharko, Lucie et leurs jumeaux, elles font presque de la peine car derrière chaque mot se cache la peur, le désespoir et le drame qui plane, sans que les héros ne cessent pour autant de faire des projets. C’est d’ailleurs ce qui leur permet de tenir le coup.
Que dire, ensuite, de l’histoire en elle-même sans en révéler trop ? À titre personnel, je n’avais jamais lu de roman dans lequel le héros essaie tant bien que mal de maquiller le crime commis, même en légitime défense, par sa propre compagne. On pourrait croire, au début, que c’est l’enjeu principal de l’intrigue mais ce serait trop facile. Derrière l’homme que Lucie a tué, ce psychopathe tortionnaire d’animaux soupçonné d’avoir fait disparaître une jeune femme, se trouve en réalité quelque chose de plus complexe et, bien entendu, les zones d’ombres laissées volontairement par Sharko pour cacher les véritables circonstances du meurtre ne facilitent pas l’enquête… Du coup, plusieurs enjeux se mélangent et il devient difficile de lâcher le livre avant de savoir de quoi il en retourne.
Sharko et Lucie étant des personnages récurrents dans l’œuvre de Thilliez, ça fait plaisir de les retrouver. Ils traînent tous les deux un certain nombre de casseroles, chacun les siennes, ce qui les rend profondément humains et du coup, je les aime beaucoup, tous les deux. J’ai presque eu de la peine à voir Sharko se mettre en quatre, avec l’énergie du désespoir, pour innocenter sa compagne et donc sauver sa famille, lui qui par le passé a tant perdu. Lucie a beau avoir commis le meurtre pour préserver sa vie, un crime reste un crime. La jeune femme n’aurait jamais dû se trouver en présence de sa « victime » et, si sa culpabilité était révélée, elle risque plusieurs années de prison. Cet événement dramatique resserre les liens du couple qui essaie de sauver les meubles et, derrière le polar, se dresse en filigrane l’histoire d’un couple qui s’aime, au-delà de toutes les horreurs qu’ils ont traversées et du drame qui se profile à l’horizon. Et honnêtement, c’est magnifique.
Même si c’est peut-être mieux de l’avoir fait, il n’est pas forcément nécessaire d’avoir lu les précédents opus que Thilliez a consacré à ses deux héros avant d’entamer Sharko. J’avoue en avoir laissé passer un ou deux et ça ne m’a pas plus gênée que ça dans ma lecture. Dans tous les cas, si vous cherchez un roman noir de chez noir qui vous fera oublier le quotidien et qui sera difficile à lâcher, jetez-vous sans hésitation sur ce livre. Plongez dans le grand bain mais… vous n’en sortirez peut-être pas indemne.
