[fanfiction Harry Potter] Antje #19

Désolée pour le léger retard, j’ai eu une grosse panne d’Internet pendant près de deux jours et ça vient juste de revenir… Bonne lecture et rendez-vous la semaine prochaine pour le dernier chapitre.

Chapitre 19

This is the end

Après les examens se pointa le vilain museau de la fin de l’année. Comme d’habitude, j’étais loin de partager l’enthousiasme de mes camarades qui, eux, étaient ravis de ne plus avoir de cours ni de devoirs. La petite lettre que m’avait écrite mon père après les événements de la Cabane hurlante me revint à l’esprit même si je l’avais brûlée après l’avoir lue. Mon géniteur avait décrété vouloir « reprendre les choses en main » et je n’osais imaginer ce qu’il voulait dire par là. Je n’avais pas encore dix-sept ans et, à moins de prendre une décision extrême, aucun repli n’était possible. En résumé, il faudrait que je m’attende à souffrir.

J’essayais de faire bonne figure devant les copains mais ils ne furent pas dupes bien longtemps. J’étais nul pour cacher mes émotions et depuis tout ce temps, ils me connaissaient assez pour savoir que quelque chose n’allait pas. Nous n’avions jamais évoqué ce qui s’était passé en cette nuit de pleine lune depuis l’incident mais je fus bien obligé de remettre la question sur le tapis en leur disant que Dumbledore avait mis ma famille au courant. Peter détourna le regard, Remus se renfrogna et James me dit d’un ton rassurant :

« Ne te tracasse pas. Je vais parler à mes parents pour que tu puisses venir à la maison. Hors de question de te laisser passer l’été dans ces conditions.

— Si mes vieux ne me coupent pas en rondelles avant. » marmonnai-je sombrement.

Mon meilleur ami haussa les épaules. Passer une partie de mes vacances chez James était une perspective très plaisante, je n’en disconvenais pas, mais il me faudrait subir auparavant les foudres familiales et je n’en avais vraiment pas envie. Les propos de mon père, dans sa lettre, ne me disaient rien qui vaille.

 

oOØOo

 

La dernière soirée de l’année scolaire débuta, comme à l’accoutumée, par un discours de Dumbledore suivi des résultats de la Coupe des Quatre Maisons. Le vieux directeur résuma avec des propos abscons les mois qui venaient de s’écouler et je ne pus m’empêcher de me ratatiner un peu sur ma chaise quand il évoqua le fait d’ « outrepasser ses limites, en bien comme en mal ». Il parla une fois encore des dangers qui régnaient en dehors de Poudlard, des menaces qui pesaient sur notre communauté, recommanda la vigilence et évoqua les « mauvais penchants » ainsi que « les influences néfastes ». À ce moment-là, James me donna un coup de coude :

« Je rêve ou il vient de regarder les Serpentard ? souffla-t-il.

— Ça t’étonne ? » murmurai-je en retour.

Remus nous invita du regard à nous taire et Peter, le nez froncé, sortit un mouchoir.

Pour la troisième année consécutive, Gryffondor remporta la Coupe des Quatre Maisons. Les Serpentard n’étaient pas loin derrière et il me fallut avouer que voir Rogue aussi déçu et en colère avait quelque chose de jouissif. L’année se terminait bien mal pour le vieux Servilus. Evans ne lui adressait plus la parole et sa maison avait encore raté la Coupe. Bien fait pour lui, pensai-je tandis que James, persuadé que ses performances sur le terrain de Quidditch n’étaient pas pour rien dans ce résultat, se rengorgeait. Les plats apparurent alors sur les tables et tout le monde se mit à manger avec appétit. J’oubliai momentanément la perspective du lendemain. À côté de moi, Antje semblait plongée dans une intense réflexion tandis qu’elle versait de la sauce sur la montagne de choux de Bruxelles dans son assiette.

« Tout va bien ? lui demandai-je.

— Ça va, dit-elle avec un demi-sourire. Sirius, j’aurai quelque chose à te montrer, tout à l’heure.

— D’accord, dis-je. On trouvera bien un classe vide où personne ne nous dérangera.

— Il faut qu’on reste dans la salle commune, objecta-t-elle. Sinon, je ne pourrai pas faire les choses comme je le veux.

— Mais… »

Son regard m’empêcha d’insister. Ses yeux semblaient me dire « Tais-toi. Ce n’est pas le moment de parler de ça. » Bien entendu, ça ne m’empêcha pas d’être curieux. Que voulait-elle donc me montrer qui nécessite impérativement de ne pas quitter la salle commune ? Je n’en saurais rien avant la fin de la soirée, c’était évident. Si c’était quelque chose de secret, il nous faudrait attendre que la majorité des élèves soient remontés dans les dortoirs.

Bah… Je verrais bien.

 

oOØOo

 

Finalement, après dîner, nos camarades ne s’attardèrent pas dans la salle commune. Chacun devait ramasser ses affaires et s’efforcer de tout caser dans la grosse malle réglementaire. Par ailleurs, j’étais bien placé pour savoir que les secrets se partageaient mieux au fond des dortoirs, où l’intimité était mieux protégée et je ne fus pas surpris de voir Rickard Brown et Britta Hopkins sortir en douce sous l’œil désapprobateur du tableau de la Grosse Dame. Au final, il ne resta rapidement plus qu’une dizaine de personnes, dont mes amis et moi-même, chacun faisant tapisserie par petits groupes dans les coins. Après m’avoir intimé de ne pas bouger, Antje monta d’un pas vif dans le dortoir des filles et revint une minute plus tard en cachant quelque chose sous son bras.

« Viens », me dit-elle en me saisissant le poignet de sa main libre. J’eus à peine le temps d’adresser un regard d’excuse aux copains. Elle me tira derrière elle jusqu’à la cheminée où brûlait un bon feu. Entre les murs de Poudlard, les nuits étaient fraîches et il était nécessaire de chauffer les pièces même au mois de juin. Antje me montra alors ce qu’elle avait caché sous son bras et que je reconnus d’un seul coup d’œil.

Le journal intime.

Il ne me fut même pas nécessaire de regarder la couverture défraîchie imitée d’un livre ennuyeux de la bibliothèque. C’était, à mon sens, l’objet entre tous qu’Antje devait garder secret. Je crus bon, cependant, d’affecter une mine étonnée :

« Qu’est-ce que c’est ? » demandai-je, même si je savais parfaitement de quoi il s’agissait.

Elle laissa passer un silence.

« Il y a environ un an, dit-elle, ma mère m’a donné un cahier pour qu’il me serve de journal intime. Depuis mon entrée à Poudlard, je lui ai menti en lui disant que tout se passait bien, que j’avais des amis, que personne ne me posait de problèmes, et elle le savait parfaitement. Elle ne m’a jamais posé de question, sans doute parce qu’elle avait deviné que je préférais garder ça pour moi. Comme je ne voulais rien lui dire, elle a voulu que je l’écrive. C’est ce que j’ai fait, du moins jusqu’à Noël. Maintenant, ma mère n’est plus là. Je n’ai plus besoin de ce truc. Du coup, je compte m’en débarrasser mais je voulais te le montrer avant. »

Sur ces mots, elle fit léviter le journal intime à l’aide se sa baguette magique et le déposa doucement dans la cheminée. Le feu ronfla. Les flammes s’emparèrent du papier. Antje se tourna vers moi avec un sourire.

« Et voilà », dit-elle.

Je lui enlaçai les épaules. Malgré moi, j’éprouvais un vague chagrin de voir le journal se consumer dans la cheminée parce que si je ne l’avais pas lu, nous n’en serions pas là, ni elle, ni moi. Il valait mieux pourtant qu’elle n’en sache rien. Elle semblait, de toute évidence, faire une croix sur le passé.

« Tu ne vas pas le regretter ? demandai-je. C’était tes secrets, après tout.

— Je ne pense pas, répondit-elle en s’appuyant contre moi. Ce n’était pas joli, joli, ce que j’écrivais. Je passais mon temps à me plaindre et je ne voyais pas d’issue à ce que je vivais. J’ai de la chance que personne ne l’ait jamais trouvé. »

Je déglutis péniblement, soudain gêné, mais elle n’y accorda visiblement aucune attention.

« Un jour, reprit Antje, tu m’as dit qu’il fallait aller de l’avant. Ça m’a pris du temps, mais c’est ce que j’ai décidé de faire. Je n’ai pas très envie de rentrer à la maison parce que mon deuil va me revenir en pleine figure mais… ce n’est que pour deux mois. Après, je reviendrai ici et je ne serai plus toute seule. »

Je ne me souvenais plus de cette histoire d’aller de l’avant mais peu importait. J’avais peut-être fait de belles conneries cette année mais j’avais aussi aidé quelqu’un jusqu’à m’y attacher profondément. Alors je souris et revins avec elle auprès des copains.

 

oOØOo

 

Le lendemain matin arriva beaucoup trop vite à mon goût. Les malles pleines au pied des lits, le dernier petit-déjeuner et la trajet en calèche jusqu’à la gare de Pré-au-Lard ne signifiaient qu’une chose : il était l’heure, pour le chien sauvage que j’étais, de regagner sa niche. Et quelle niche, franchement… Tandis que l’école s’éloignait de mon champ de vision, j’attendais déjà le mois de septembre. Je profitai de cet instant de nostalgie qui me prenait tous les débuts d’été parce que ce serait la dernière fois que j’éprouverais une chose pareille. Mon dix-septième anniversaire approchait à grands pas ce qui fait qu’à la fin de la prochaine année scolaire, je serais majeur et j’aurais la possibilité de prendre toutes mes affaires pour déserter une bonne fois pour toute l’enfer familial sans que mes parents y puissent quoi que ce soit. Je me doutais au fond de moi que ce serait moins facile en vrai mais j’avais quand même hâte d’y être.

Je profitai au maximum du voyage en train jusqu’à Londres. Ces derniers instants passés avec les gens que j’aimais étaient à la fois les meilleurs et les plus douloureux. L’heure était aux projets pour l’année suivante. Plaisanteries, promenades nocturnes, sans parler des prochaines pleines lunes… avoir fait une erreur à cette période du mois ne m’empêcherait jamais de m’amuser et de tirer parti du « petit problème poilu » de Remus. Après les projets vinrent les promesses de s’écrire souvent, de se parler par cheminées interposées si c’était possible, etc. Alors que le train ralentissait, je m’isolai un moment avec Antje dans un coin pour un dernier câlin.

« Ça va aller, chez toi ? lui demandai-je.

— C’est plutôt à moi de te poser cette question. »

J’eus malgré moi un sourire de travers.

« Je t’enverrai plein de hiboux, lui promis-je. Et tu as plutôt intérêt à me répondre. »

Elle acquiesça d’un air amusé.

« Et puis, repris-je, l’année prochaine, je te confierai un secret. Il faudra juste que tu n’en parles à personne.

— C’est le but des secrets, dit-elle gravement, mais pourquoi tu m’en parles dès maintenant ?

— Pour que tu penses à moi cet été et que tu te poses des questions qui t’empêcheront de dormir.

— T’es vraiment bête. »

Elle me donna un coup sur l’épaule et je lui saisis la main pour serrer ses doigts entre les miens. J’avais décidé de lui parler, dès la rentrée, de nos formes d’Animagi. James, Remus et Peter n’étaient pas encore au courant mais ils feraient avec. Antje faisait partie des nôtres, elle avait le droit de savoir et je lui devais bien ça.

 

oOØOo

 

Sur le quai 9 ¾, l’accueil de mes parents fut glacial. Je fus parmi les derniers à descendre du train et, quand je retrouvai ma famille, Regulus était déjà avec eux. Mon frère me regarda avec indifférence. J’échangeai un dernier au revoir et une dernière tape dans le dos avec mes copains. James me souffla : « On se revoit bientôt, promis ! ». J’espérai qu’il ait raison parce que je n’étais pas sûr de pouvoir supporter les airs polaires et coincés du clan Black pendant deux mois.

Je regagnai la maison en transplanage d’escorte. Nous avions toujours fait ça. La maison était trop éloignée de la gare pour faire le trajet à pieds et mes parents auraient préféré se faire écorcher vifs plutôt qu’emprunter un moyen de transport moldu. Il me fallut prendre le bras de ma mère et, rien qu’en sentant ses longs ongles se planter dans mon poignet à travers mes vêtements, je sentis que j’allais prendre cher.

Je retrouvai ma chambre, au dernier étage de la maison. Le ménage n’y avait pas été fait, c’était d’une saleté repoussante et mes affaires traînaient partout. Mes parents avaient dû s’y livrer à une fouille en règle et essayer d’en changer la décoration. Il fallait dire qu’entre les tentures rouges et les affiches moldues un peu osées qui venaient d’une vieille revue trouvée dans une poubelle du quartier, rien dans mon univers n’avait dû trouver grâce à leurs yeux. Tant mieux, puisque je l’avais fait exprès. Il y avait fort à parier que la chambre de Regulus soit propre comme un sou neuf, que les draps du lit ait été changé et que notre elfe de maison ait épousseté le moindre bibelot de Quidditch qu’affectionnait mon frère. Je passai donc ma première soirée à faire du rangement et à épousseter les étagères histoire de me sentir un minimum chez moi, et je me couchai épuisé. À côté de mon lit, sous la photo de ma bande de copains prise l’année précédente, j’avais accroché un calendrier pour faire le décompte des jours jusqu’au premier septembre.

 

oOØOo

 

Deux semaines se passèrent ainsi. Mes parents ne m’adressaient pour ainsi dire pas la parole et je ne les voyais qu’à l’heure des repas. Le reste du temps, je ne quittais pas ma chambre. Ma mère ne haussa même pas le ton quand je refusai de descendre pour saluer les gens qu’ils recevaient de temps en temps à l’heure du thé, leurs chers vieux amis encroûtés fiers de leur sang pur ou des membres de la famille. Ma cousine Narcissa, qui avait terminé ses études à Poudlard quand j’étais en troisième année, venait de se fiancer. Mes parents étaient on ne peut plus ravis d’accueillir Lucius Malefoy dans le clan mais je détestais ce type. Je ne l’avais fréquenté que deux ans à l’école et jamais je n’avais pu sacquer ses airs arrogants. En plus, il avait pris Rogue sous son aile, à l’époque, c’est vous dire l’engin. Heureusement, personne ne sembla remarquer mon absence. Bien entendu, les amis de mes parents ne se seraient pas permis de le faire mais, le cas échéant, les tantes et les cousines n’auraient pas manqué de me tirer de mon antre de force pour que je fasse le mariole en société de gré ou de force. Personne n’en fit rien et j’ignorais si je devais m’en sentir inquiet ou soulagé.

J’étais de plus en plus certain que mes parents préparaient quelque chose et qu’ils attendaient que je baisse ma garde pour asséner le coup de grâce.

Le mois de juillet était bien entamé quand ma mère m’ordonna, un soir, de descendre dans la cuisine. Je n’avais jamais compris pourquoi c’était dans cette pièce, enfoncée dans les profondeurs de la maison, que se décidaient les choses importantes. Les différents salons n’étaient là que pour la représentation, l’apparat. C’était dans la cuisine que siégeaient les conseils de famille. Je sus donc, en descendant l’escalier, que mes parents comptaient enfin me parler de ce qui s’était passé à Poudlard et de la lettre que Dumbledore leur avait envoyée en avril. Je n’en sortirais pas indemne, j’en avais confiance.

Mon père siégeait au bout de la large table, assis sur sa chaise comme sur un trône. Ma mère, debout à ses côtés, donnait l’impression de le dépasser d’une tête. Je restai à côté de la porte, les mains derrière le dos, et les regardai avec défi. Je les haïssais mais ils ne me faisaient pas peur. Quoiqu’ils compte me dire ou me faire, je ne comptais pas subir et il leur faudrait beaucoup d’efforts pour me mater. Le problème, c’est qu’ils en avaient parfaitement conscience.

« Baisse les yeux, dit ma mère d’un ton sec, tu te trouves devant tes parents. »

Je refusai d’obéir et, à ma grande satisfaction, elle fut la première à détourner le regard.

« Depuis ta naissance, tu n’as jamais fait que nous décevoir, reprit ma génitrice. Nous avons tout fait pour que tu assures l’avenir de notre famille et tes manières de voyou ont tout gâché. Tu es désobéissant, entêté, ton attitude est une souffrance permanente. Ce que tu as fait à Poudlard ce printemps est une preuve de plus que nous avons échoué. Nous avons donc décidé de revoir nos méthodes.

— Tu ne retourneras pas à l’école l’année prochaine, enchaîna mon père. Non seulement ce vieux fou de Dumbledore est bien trop laxiste envers les délinquants de ton espèce mais en plus, tu n’y as que de mauvaises fréquentations. Des traîtres à leurs familles. Des sang-mêlés. Qu’est-ce que tu peux nous faire subir de plus ? Epouser une Sang-de-Bourbe plus tard ? »

L’image d’Antje traversa mon esprit. Son sourire, ses longs cheveux, le brun chaud de ses yeux… Je m’appuyai contre la porte fermée de la cuisine et affrontai le regard de mon géniteur en disant :

« Et pourquoi pas ? »

Il tapa du poing sur la table.

« Ça suffit ! Nous prenons en charge l’intégralité de ton éducation à présent. Tu apprendras les bonnes valeurs, que ça te plaise ou non. La fête est finie. Tu ne reverras plus jamais tes amis répugnants. Tu feras ce que nous exigerons de toi, et que tu atteignes ta majorité en novembre n’y changera rien. Nous cesserons de te surveiller quand nous serons certains que tu ne t’écartera plus du droit chemin. Est-ce que c’est clair ? »

Ça l’était. En un sens, je m’attendais à ce genre de chose. Mes parents avaient toujours aimé me priver de ce que je préférais en guise de punition et je savais depuis longtemps qu’ils méprisaient plus ou moins Poudlard depuis que Dumbledore en était devenu directeur, des années avant que j’y commence mes études. À présent que je savais ce qu’ils comptaient faire de moi, il ne me restait qu’une solution, que j’envisageais depuis longtemps sans oser la mettre en pratique.

Il était temps, à présent.

Je les toisai tous les deux, essayant d’exprimer la haine et le mépris que je ressentais à leur égard.

« Vous ne me laissez pas le choix, dis-je. Hors de question de vous obéir et de renoncer à tout ce qui me plait pour vos beaux yeux. J’en ai plus qu’assez de vous, de votre manie du sang pur, de votre mode de vie arriéré. J’aime mieux dormir sous les ponts plutôt que de rester dans cette baraque à subir vos conneries. »

Mes parents échangèrent un regard à la fois stupéfait et courroucé mais je ne leur laissai pas le temps de dire quoi que ce soit. J’ouvris la porte de la cuisine et dis, en sortant :

« Je quitte la maison. »

Tandis que ma mère se mettait à hurler, je montai les escalier à toute vitesse jusque dans ma chambre. Là, je fourrai quelques affaires, tout ce qui me tombait sous la main, dans un sac en papier de Honeyduke. J’étais sur le point de quitter la pièce quand je les vis, tous les deux, me bloquer le passage :

« Tu ne bougeras pas d’ici, gronda mon père.

— Tu sais ce qui t’attend si tu pars, ajouta ma mère dont le regard ressemblait à celui d’un hippogriffe furibond.

— Quoi ? demandai-je d’un ton dégagé. Vous allez me déshériter ? Vous allez m’effacer de l’arbre généalogique familial ? Qu’est-ce que j’en ai à faire ? Je ne suis pas assez bête pour ignorer que je n’aurai pas un sou de vous après votre mort. Quant au reste de la famille… excusez ma franchise, mais vous pouvez tous crever ! »

Sur ces mots, je les écartai d’une bourrade et redescendis les escaliers, mon sac en papier sous le bras. Mes parents hurlaient de rage. Au détour d’un étage, j’aperçus l’elfe de maison qui espionnait la scène en ricanant. Je lui adressai un geste ordurier au passage.

Quand la porte de la maison se referma définitivement derrière moi, j’avais entendu suffisamment de malédictions pour le restant de mes jours… voir au-delà.

 

oOØOo

 

La nuit était tombée. Je quittai le square Grimmaurd d’un pas vif sous le regard flou des Moldus de la maison d’à côté. Ils avaient l’air bizarre avec leurs cheveux teints en vert et leurs cigarettes sentaient mauvais. Hors de question de m’attarder avec des individus de ce genre-là. Cela dit, plus je m’enfonçai dans les petites rues mal famées du quartier, moins j’en menais large. J’avais dit à mes parents que j’étais prêt à dormir sous les ponts mais cette idée ne me tentait pas plus que ça. L’idée de m’enfuir m’avait traversé l’esprit à plusieurs reprises, surtout l’été précédent, mais je n’avais aucun point de chute à part chez James qui habitait beaucoup trop loin. J’aurais l’air malin, tiens, à faire de l’autostop jusqu’à Godric’s Hollow. Soudain, en y pensant… je me souvins de quelque chose.

Ma cousine Andromeda, elle aussi, avait fui la maison de ses parents. Elle était déjà adulte mais mon oncle et ma tante avait essayé de la faire rompre de force avec le sorcier d’origine moldue dont elle était amoureuse. Elle s’était rendue chez lui avec un moyen de transport magique qui aidait les sorciers dans le besoin, le Magicobus. Personne ne posait de question, ils suffisait d’avoir de quoi payer le transport. Par chance, il me restait un peu de sous dans mon porte-monnaie puisque je n’avais pas mis les pieds à Pré-au-Lard depuis février. Je sortis donc ma baguette magique et l’agitai en direction de la chaussée, en remerciant mentalement ma cousine pour son aide involontaire. Dire qu’elle m’avait juste raconté sa fuite dans une lettre comme une aventure rocambolesque…

L’instant d’après, l’énorme bus violet apparut dans un bruit d’explosion. Je fus accueilli par une sorcière mal coiffée qui portait une veste à capuche par-dessus sa robe. Elle empocha l’argent que je lui tendis et me conduisit à ma place. Le Magicobus était meublé de vieux lits en cuivre dont plusieurs étaient occupés : familles à l’air misérables, sorciers qui ressemblaient à des clochards, etc. Je m’assis sur le matelas en serrant mon sac contre moi, et fermai les yeux.

J’espérai que les parents de James ne m’en voudraient pas trop de débarquer en catastrophe à une heure indue.

Lilou Black

Liloublack, trentenaire rêveuse et caféinomane qui vit chez son chat le jour et dans son palais mental la nuit. What else ?

2 Commentaires

  1. Ah ! Je reconnais bien là l’image que je m’étais fait de Sirius. Je suis contente qu’il ait pris cette décision et qu’il dise enfin à ses parents tout le mal qu’il pense d’eux. Et je suis sûre que les parents de James seront compréhensibles avec lui.

    Ce chapitre sonne vraiment comme des au revoir. J’adore l’atmosphère douce et bienveillante qui dégage des derniers heures à Poudlard, comparées aux sombres vacances de Sirius.

    En tout cas, je vais lire le dernier chapitre à contre-coeur parce que je sais que c’est la fin.

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