Celle que vous croyez de Camille Laurens

:star: Celle que vous croyez de Camille Laurens


celle-que-vous-croyez-camille-laurensBroché:
192 pages
Editeur : Gallimard
Date de parution : 1 janvier 2016
Collection : Blanche
Langue : Français
ISBN-10: 2070143872
ISBN-13: 978-2070143870
Prix éditeur : 17€50
Disponible sur liseuse : oui

Résumé:

Vous vous appelez Claire, vous avez quarante-huit ans, vous êtes professeur, divorcée. Pour surveiller Jo, votre amant volage, vous créez un faux profil Facebook : vous devenez une jeune femme brune de vingt-quatre ans, célibataire, et cette photo où vous êtes si belle n’est pas la vôtre, hélas. C’est pourtant de ce double fictif que Christophe – pseudo KissChris – va tomber amoureux.

En un vertigineux jeu de miroirs entre réel et virtuel, Camille Laurens raconte les dangereuses liaisons d’une femme qui ne veut pas renoncer au désir.

:star: Mon avis

C’est une histoire plutôt déconcertante que propose Camille Laurens dans ce roman à la construction particulière.

A 48 ans, Claire est obnubilée par des questions que beaucoup de femmes se posent lorsque les années finissent par s’installer. « Suis-je encore capable de séduire ? De me faire séduire ? ». En créant, un faux compte Facebook, elle compte espionner son ex compagnon en s’introduisant dans son cercle proche. Sa porte d’entrée ? Chris, 38 ans, photographe, un peu immature, séduisant. Très vite, ils échangent des messages de plus en plus personnels en privé. Claire met le doigt dans l’engrenage du mensonge et se fait prendre à son propre jeu. Elle s’invente une autre identité, celle d’ une jeune femme de 25 ans, belle, plus sûre d’elle. Mais de mensonge en mensonge, cette seconde peau va devenir de plus en plus étouffante et la question qui se pose alors pour elle est de savoir si la vraie Claire pourrait être aimée par cet homme dont elle est tombée amoureuse.

Le roman, décomposé en trois parties, se présente tout d’abord comme un monologue entre Claire et son psychanalyste omniprésent, mais dont les propos sont rapportés par la narratrice. Elle lui raconte le piège qu’elle s’est créé et les conséquences dramatiques (pense-t-elle) de ce dernier. Si le texte raconte les étapes de cette farce dramatique que joue le personnage, il est également une réflexion des plus intéressantes sur l’image de soi, sur l’amour, la séduction, l’écriture…

La vie m’échappe, elle me détruit, écrire n’est qu’une manière d’y survivre – la seule manière. Je ne vis pas pour écrire, j’écris pour survivre à la vie. Je me sauve. Se faire un roman, c’est se bâtir un asile.

Dans un second temps, le psychanalyste prend le relai et offre au lecteur une version alternative du récit de Claire. Un autre « je », une autre Claire, un autre dénouement où le personnage trouverait une forme de rédemption. Cette autre version sous forme de « Et si j’avais fait ça et non ça »  présente les personnages sous un autre angle, laisse la voix à Chris pour la conclure.

Enfin la troisième partie, plus étonnante, est une lettre que l’autrice du premier récit, mais pas du roman (c’est compliqué) envoie à son éditeur pour lui raconter la vraie histoire. Encore une autre facette des personnages, différents, sans le filtre de la fiction ( même si c’en est toujours une). La mise en abyme est parfaitement maîtrisée. On ne sait plus si c’est l’auteur qui parle ou s’il s’agit de nouveau d’une autre projection d’elle-même.

Nous sommes tous, dans les fictions continues de nos vies, dans nos mensonges, dans nos accomodements avec la réalité, dans notre désir de possession, de domination, de maîtrise de l’autre, nous sommes tous des romanciers en puissance. Nous inventons tous notre vie.

Une héroïne multiple, une auto-fiction (?), un jeu de miroir d’une femme à plusieurs facettes : femme jeune et séduisante, femme un rien immature et perdue, femme censée, femme séductrice… Femme puzzle : comme toutes les femmes.

Je ne connaissais pas les romans de Camille Laurens et c’est une agréable découverte : un style riche et maîtrisé, une réflexion sur la femme et le temps qui passe, sur le désir qui demeure, sur sa place dans la société. Un vrai régal à condition de ne pas être attachés aux récits linéaires.

Excellent, j'en ai encore les papilles qui frétillent !

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5 Commentaires

  1. J’ai lu un livre de Camille Laurens il y a des années… quand j’étais en formation librairie, un de mes enseignants aimait taper plus ou moins gratuitement sur l’autofiction dont les têtes de gondole à l’époque (je ne crois pas que ça ait beaucoup changé en dix ans, d’ailleurs) étaient Camille Laurens et Christine Angot. Histoire de me faire une idée, j’ai « emprunté » « l’Amour, roman » à la librairie où j’étais stagiaire. Je me souviens avoir détesté le style nombriliste, la volonté manifeste de choquer dès les premières pages avec une scène plus ou moins porno (une femme, son amant, une pratique érotique au terme soigneusement choisi et Ciel ! Voilà mamie !), etc. Tout ce qui relevait de l’autobiographie (c’était furtif, il fallait par exemple savoir que Camille avait écrit le texte d’une chanson d’Indochine en 2001 ou 2002) m’avait mise mal à l’aise parce qu’il est extrêmement difficile, dans ce genre de livre, de démêler le vrai du faux. Du coup, ce livre m’avait un peu dégoûtée de l’auteur, du sous-genre qu’est l’autofiction, d’autant que je partais avec un a-priori négatif… mais il est intéressant que tu aies apprécié le livre, ta chronique donnerait presque envie de découvrir cette histoire à la composition originale mais si le style est toujours aussi… « Marguerite Duras d’occasion » à mon sens (je n’ai pas d’autre terme, pardon), ce sera sans moi. Ça vaut le coup d’aller le feuilleter chez le libraire.

    1. En fait, j’ai fait complètement abstraction de l’aspect auto-fiction. J’ai beaucoup aimé les réflexions sur l’amour, le couple, le temps qui passe pour les femmes. Et puis, fatalement, le côté nombriliste des autobio , on ne peut pas passer à côté. ^^

  2. Indéniablement l’autofiction agace. Mais celui-ci vaut vraiment le détour ! Je l’avais chroniqué l’année dernière à sa sortie et mon impression était très positive. Surtout, le roman prend un ton de révolte qu’on ne connaissait pas à Camille Laurens auparavant.

    1. J’ai eu du mal à rentrer dedans. J’ai dû le laisser de côté pendant des mois avant de le reprendre et de le lire d’une traite. Question de moment, je suppose. Mais j’aime beaucoup la plume de cette auteure

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