La quête d’Ewilan de Pierre Bottero

L’avis d’Aely Nah

De jeunes héros qui plairont aux lecteurs de tous âges.

Camille est une gamine de « quatre mille neuf cents jours soit un peu plus de treize ans »(extrait). C’est ainsi que débute le récit.

On comprend donc de suite que cette enfant n’est pas comme les autres et la suite de notre lecture va nous conforter dans cette idée lorsque nous la découvrirons surdouée en tout mais aussi curieuse, avide de connaissances, réfléchie ou un tantinet rebelle.

Sa grande intelligence en fait une jeune fille un peu trop mâture pour son âge et sa vie avec des parents adoptifs qui la délaissent l’a poussée à développer une amitié sincère avec Salim et surtout ne pas se laisser marcher sur les pieds. D’où sa méfiance, parfois sa légère impudence face à Edwin ou Duom lorsqu’ils tenteront de la prendre de haut. Pierre Bottero en a fait une héroïne qui peut plaire aux lecteurs de tous âges. Elle est assez jeune du haut de ses 13 ans pour que ses aventures intéressent un public d’adolescents mais aussi elle a la maturité pour que les adultes comme moi la suivent avec plaisir et curiosité.
Car Camille réfléchit avant d’agir et même si parfois l’injustice d’une situation la rend colère, elle est assez mâture pour y voir ensuite le bien-fondé et se mettre en retrait pour le bonheur des autres.

Salim, son meilleur ami depuis son entrée dans ce collège plutôt peu côté pour correspondre au standing de nantis de ses parents est un garçon de la banlieue. Peu aidé dans ses études par une famille un peu particulière, cinq sœurs, des cousins qui squattent à domicile et une mère débordée qui ne se préoccupe guère de lui, il s’est aménagé un coin à lui. Il peut ainsi tenter d’étudier et sa rencontre avec Camille, il le sent est la chance de sa vie.
Son humour en toute circonstance, son envie de se sortir de vie par les études, sa propension à vouloir toujours voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, nous le montre là encore comme un gamin débrouillard et lui aussi plus mâture que son âge ne pourrait le présager.
Au départ, ce sont deux âmes solitaires qui se sont trouvées et leur besoin respectif d’apprendre les ont ensuite poussés l’un vers l’autre dans une amitié indéfectible.

Un nouveau monde : Gwendalavir

Le monde créé par Pierre Bottero est simple et à la fois complexe, peuplé de créatures affreuses qui ont déboulé dans notre monde dès lors que Camille pénètre sans le vouloir dans le leur. Les différentes castes qui le composent nous offrent un panel d’images de fantasy qui nous font vivre cette histoire tel le personnage d’un jeu de rôle, ou d’un de ces jeux en ligne comme World of Warcraft.
Chaque personnage rencontré au fil du roman et de la quête d’Ewilan nous en apprend toujours plus sur ce monde, sur sa complexité, sur les guerres internes et externes à l’Empire.
Je n’ai pu m’empêcher d’apprécier plus ou moins chacun en fonction de la valeur que je lui portais mais tous sont décrits avec attention, détaillés dans leur manière d’être et de paraître.

Une assemblée de héros dans le plus pur style Fantasy.

La quête d’Ewilan, c’est également une galerie de personnages passionnants qui vont, tout comme le lecteur évoluer avec la suite des événements. Chacun a sa manière ils vont devoir affronter leurs peurs, leurs destins, leurs choix mais tous semblent à même de le faire pour notre plus grand plaisir même si ce sera parfois hélas dans l’amertume ou la douleur.

Cette petite bande m’a emmenée dans mes souvenirs d’autres quêtes de fantasy, ces quêtes suivies par un groupe hétéroclite mais complémentaire à la fin, avec toujours le guerrier sombre et invincible, le voleur ou le rusé, le chevalier au grand cœur, le magicien et le héros. Le parallèle ici est flagrant.
Et pourtant le monde de Pierre Bottero est à lui seul un appel à y entrer et les personnalités de ses personnages une image parfaite d’une lecture réussie.
Humour, action, sarcasme ou encore magie tout y est pour nous faire rêver, nous entraîner à leur suite comme emportés par les flots d’une rivière en crue. Et j’ai adoré me laisser balloter au gré des aventures de nos jeunes héros, les suivre en cherchant le détail qui me permettrait d’en deviner plus. La plume de l’auteur est véritablement magique.

L’ambiance même du roman est là pour nous imprégner de plus en plus et nous attacher à Camille et Salim. Leurs familles, leurs vies dans notre monde nous touchent et nous émeuvent et cet élan de liberté et de vraie vie qu’ils ressentent à Gwendalavir nous souffle tel un fétu de paille. Tout est posé dans le scénario comme pour un mécanisme d’horloger. Tout semble compliqué à première vue mais fini par s’emboîter logiquement et avec fluidité.
C’est assurément un coup de cœur et j’ai plus que hâte de découvrir la suite de leurs aventures.

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