Des vies d’oiseaux, Véronique Ovaldé

des vies d'oiseaux véronique ovaldéBroché: 250 pages

Editeur : J’ai lu (21 août 2013)

Collection : LITTERATURE GEN

Langue : Français

ISBN-10: 2290041920

ISBN-13: 978-2290041925

Disponibilité sur liseuse: NON

Résumé:

Gustavo Izzara constate que sa maison de Villanueva a été cambriolée et décide d’appeler la police. Le lieutenant Taïbo apprend alors que la fille de Gustavo et Vida, Paloma, 18 ans, s’est enfuie avec Adolfo, le jardinier. Sa mère les soupçonne d’être venus habiter la maison en leur absence. Un roman sur les liens conjugaux, familiaux et sociaux qui se croisent et se défont.

Mon avis: 

« On peut considérer que ce fut grâce à son mari que madame Izzarra rencontra le lieutenant Taïbo »…

De retour de vacances, Gustavo et Vida constatent que leur belle maison, une jolie cage dorée, climatisée mais qui se fissure de partout, a été occupée par une bande de squatteurs qui, curieusement, n’ont rien volé. C’est à cette occasion que Vida rencontre le lieutenant Taïbo. Ce dernier va enquêter sur cette étrange bande qui réitère leur méfait dans les villas désertées par leurs riches propriétaires en cette période de l’année. On pourrait alors imaginer entrer dans un roman policier avec une enquête, un flic nostalgique et solitaire depuis que sa femme l’a quitté pour un motard tatoué, mais il n’en est rien. Très vite, on connaît l’identité de ces squatteurs et là n’est pas l’intérêt de ce roman.

Découpé en de brefs chapitres aux titres poétiques, évocateurs ou parfois curieux, Une vie d’oiseaux se lit comme un enlacement de saynètes qui mises bout à bout retracent la vie, les regrets, la mélancolie toujours sous-jacente des personnages mais aussi une quête de liberté, d’amour et un besoin impérieux de partir.

« Mon Dieu, il me semble être bien vivante dans ma tombe »

Partir, c’est précisément ce qu’on fait Paloma et Vida. La première a suivi une petite frappe, Alfonso. Quant à sa mère, elle est séduite par ce lieutenant qui ne semble pas vouloir la séduire ( c’est d’ailleurs ce qui l’attire chez cet homme). L’une et l’autre renoncent à cette vie dorée mais si décevante pour parcourir d’autres possibles, d’autres vies, retrouver leurs origines comme si oublier ces dernières, c’était d’une certaine manière se perdre. J’ai été particulièrement touché par le personnage de Vida qui a mon sens été plus « fouillé » et moins stéréotypé que les autres. Cette femme, issue d’un milieu modeste, façonnée et modelée par un époux égoïste et machiste, sort soudain de cette vie bien rangée à cause d’une simple rencontre. J’ai aimé suivre ses réflexions sur sa propre vie. Il n’y a là aucune amertume mais une sorte de résignation mélancolique à une soumission sournoise enrubannée dans des apparences sociales convenables.

« Elle restait persuadée qu’il ne lui arriverait jamais à elle de tromper cet homme. Peut-être était-ce lui finalement qui l’avait convaincu qu’il ne courait aucun danger puisqu’il l’avait fabriquée. C’était ce qu’il avait toujours dit quand il la trouvait belle, il disait  » Et dire que c’est moi qui t’ai faite ». Vida attendait le moment où il ajouterait qu’il l’avait sortie de la fange d’Irigoy. Mais il s’arrêtait systématiquement à ses propres mérites. Il ne parlait jamais de l’endroit d’où elle venait. « 

Un style et un plein de sensations.

J’avais beaucoup entendu parler de  Ce que l’on sait de Véra Candida et du style de l’auteure sans prendre le temps de le lire. Un tort sans aucun doute car la plume de Véronique Ovaldé a quelque chose de léger et de poétique que j’ai plus qu’apprécié. Les longues phrases vous entraînent d’un bout à l’autre des courts chapitres. Les personnages, les lieux, cette ambiance intime se dessinent, prennent formes au travers des images utilisées, des sensations qui sont convoquées à chaque description pour leur donner corps. La musicalité des mots fait oublier que le roman souffre peut-être de l’absence d’une intrigue de fond plus captivante. Il a manqué à ma lecture cet attrait pour une histoire dont il me tarderait de découvrir la fin.  Malgré ce léger bémol, j’ai été charmée par ce récit dont certains passages sont tout simplement magnifiques. Notamment ceux relatant la relation mère-fille ou le chapitre plein de sensualité entre Vida et Taïbo. Quelques extraits:

 » Se souvenir toujours de son petit corps, de sa grâce, de la texture de sa peau, de son haleine, de son odeur, de sa voix, emmêlées l’une dans l’autre, la moiteur de son cou, la finesse de son cou […] Vida voulait prendre la totalité de ces fragments parfaits et en faire un trésor réellement inaltérable. Et quand elles étaient ensemble elle savait que c’était impossible et cette impossibilité la plongeait dans un désespoir infini. Elle avait l’impression que sa beauté, sa tendre enfance lui échappait déjà. Qu’elles s’en allaient en particules dans l’air, comme des filaments de sa perfection. 

« Cet homme avait la possibilité d’être tout près de vous et très loin à la fois, c’était une sorte de qualité mélancolique, de qualité tragique, son absence était palpable et douce, Vida aurait pu embrasser l’absence de cet homme, alors Taïbo s’est levé, il s’est levé pour l’accueillir… »

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