Fanfictions- Le Sombre et le Scintillant – Crossover Chap 4

Titre : Fanfictions- Le Sombre et le Scintillant – Crossover Chap 1

Auteur: SEPTENTRION

Type : fanfic
Défi de la communauté : Sevys-Now :braderie / crossover, avec la limite que je n’ai pas utilisé les mots requis pour le crossover
Pairing : Severus Snape / Edward Cullen (pas de slash, c’est même un HGSS en arrière-plan)
Rating : PG, limite G
Disclaimer : Severus appartient à Jo Rowling et Edward Cullen à Stephenie Meyer, les bienheureuses
Notes : Merci à Snapinou pour le beta et à Duniazade pour les corrections et les informations sur la Roumanie.

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LE SOMBRE ET LE SCINTILLANT

CHAP 4

Par Septentrion

Chapitre 4. Rumeurs en Roumanie

Après une dernière étreinte avec Hermione, Severus prit son Portoloin pour Bucarest en ce samedi soir de mai. Sur place, il quitta rapidement les locaux du Ministère de la Magie, à l’architecture fortement influencée par l’ère communiste, pour se rendre directement à son hôtel, le Vrajitoarea Cocosata (absolument imprononçable, d’après Severus). Il avait réservé une chambre pour trois nuits dans cet établissement qui rappelait le Chaudron baveur par son ambiance chaleureuse et son allure vieillotte. Il lut quelques pages du livre qu’il avait emporté, puis essaya de trouver le sommeil. Cette dernière activité l’occupa longtemps, et l’aube approchait déjà lorsqu’enfin il s’endormit. Dormir seul était une habitude bel et bien perdue.

Il s’éveilla tardivement le dimanche. N’ayant rien de mieux à faire, il décida de visiter le quartier sorcier de la ville après un petit déjeuner léger et tardif de pain beurré et de marmelade de prune. Un léger écart ne devrait pas aggraver son diabète, n’est-ce pas ? Il trouva une mise à jour pour son SOT avec tous les points de transplanage de Roumanie dans une boutique pleine de bric-à-brac. Le commerçant qui la lui vendit, excité d’avoir un client anglais, insista pour pratiquer sa connaissance de la langue de Shakespeare avec Severus. Par chance, son anglais n’était pas mauvais.

— Que vous amène dans notre beau pays, monsieur Snape ?

Tout espoir que Severus aurait pu avoir de voyager incognito un jour s’écroula. Si même un quidam roumain de la moitié son âge le reconnaissait…

— Je m’intéresse à la magie noire, comme vous le savez sûrement.

— Bien sûr, répondit l’autre en se balançant sur ses pointes de pied. C’est dans votre biographie.

Évidemment. Sa biographie non-autorisée par Rita Skeeter avait été un best-seller dans le monde entier.

— De manière académique, bien sûr.

— Bien sûr.

Severus prit un air de conspirateur.

— J’aimerais examiner les traces de magie noire que Vlad l’Empaleur est réputé avoir laissé ici et là.

— Oh, oui, je sais tout là-dessus !

— Et – Severus baissa un peu la voix – je me demande si des vampires diurnes ne vivraient pas en Roumanie. Vous savez à quel point ces créatures sont considérées comme sombres ? Ironique pour des créatures qui brillent au soleil.

— C’est fort possible, dit le commerçant d’un air pensif. Nous sommes tellement habitués à la présence de vampires nocturnes que des vampires diurnes pourraient passer inaperçus, du moment qu’ils chassent la nuit.

— Exactement. Les propriétés de ces créatures sont si fascinantes…

Severus prit à dessein un air rêveur.

— Vous savez, maintenant que vous m’en parlez, je me demande si la région de Miercurea-Ciuc n’abriterait pas vos vampires. Une très ancienne légende de cette région mentionne des dieux immobiles sur des trônes de pierre. Parmi les offrandes de la population à ces dieux figurait du sang humain.

Cette légende recoupait parfaitement les informations fournies par les Cullen sur leurs connaissances roumaines.

— Merci beaucoup. Je crois que vous venez de donner le point de départ de ma recherche. Tout en légitimant aux yeux du monde mon déplacement dans cette région, finit-il intérieurement.

Severus quitta alors la boutique après avoir promis au vendeur de revenir lui raconter ses aventures avant de rentrer à Londres. Il était temps pour lui de se rendre à la librairie où il avait convenu de rencontrer les Cullen. Il trouva quelques références intéressantes sur les vampires nocturnes, hélas toutes en roumain. Certaines illustrations attirèrent son attention cependant, et il n’eut pas besoin de feindre la surprise lorsqu’Edward Cullen l’interpella :

— Monsieur Snape ! Quelle surprise.

Severus se retourna. Face à lui se tenaient, comme convenu, Edward Cullen, son épouse Bella et son père Carlisle.

— Monsieur Cullen. Que le monde est petit.

Conscients qu’une telle rencontre entre célébrités du monde sorcier ne pouvait qu’attirer l’attention, la conversation qui suivit fut tout sauf spontanée. Elle avait été minutieusement préparée lors du voyage du sorcier en Alaska.

— Je vois que vous vous intéressez à notre espèce, remarqua Carlisle.

— En effet. Je suis un spécialiste de la magie noire, comme vous le savez sans doute. Je voulais mesurer et étudier les traces de celle-ci que Vlad l’Empaleur aurait laissées dans ce pays. C’est un ouvrage qu’aucun sorcier n’a réalisé de manière compétente jusqu’à aujourd’hui. J’ai également entendu parler d’une légende pouvant faire allusion à l’existence de vampires diurnes dans la région de – Severus vérifia le nom sur son Guide de la Roumanie magique – Miercurea Ciuc.

— Vous voulez parler de Stefan et Vladimir sans doute ? s’exclama Carlisle avec un grand sourire. Quelle heureuse coïncidence ! Nous avons quelques rendez-vous d’affaires, ici, à Bucarest, mon fils, ma belle-fille et moi, puis nous allons rendre une visite de courtoisie à nos deux amis, qui habitent justement la région que vous venez de mentionner.

Diable, ces vampires étaient de bons acteurs, quoique la fille manquait encore un peu de pratique : son sourire était un peu trop nerveux. C’était subtil, mais les talents d’espion de Severus ne manquèrent pas cet indice.

— Vraiment ?

Severus réussit à avoir l’air à la fois méfiant et intéressé, une de ses meilleures fausses expressions.

— Oui, vraiment, répondit Carlisle sans se départir de son air jovial. J’ai une idée. Pourquoi ne nous accompagneriez-vous pas ? Nous partons mercredi pour Miercurea. Nous pourrons vous présenter à nos amis.

— Je préfèrerais me rendre directement là-bas sans attendre mercredi, objecta Severus.

— Je crains que Stefan et Vladimir ne soient pas très… hospitaliers envers les personnes qu’ils ne connaissent pas. Notre présence arrondirait les angles, croyez-moi.

— D’accord, lâcha Severus après une minute de soi-disant réflexion. Mais sachez que je compte prendre quelques précautions magiques afin d’assurer ma sécurité pendant notre voyage.

— Excellent ! Voici notre hôtel.

Carlisle lui tendit une carte de visite vantant les mérites d’un hôtel moldu.

— Venez nous y rejoindre mercredi à dix heures. Nous partirons dans une voiture de location.

— Avant que nous n’oublions, pensez à acheter de la nourriture pour deux ou trois jours, intervint Edward. Au cas où…

— Merci, Edward, lui dit Carlisle. Mais je n’avais pas oublié. En revanche, tu oublies que je suis un médecin et qu’il m’appartient de penser à ce genre de détail.

Edward et Bella sourirent de concert à la taquinerie de Carlisle. Puis les trois Cullen prirent congé de Severus, prétextant un déjeuner d’affaire avec un groupe d’industriels moldus en mal d’investisseurs.

*

Le mercredi matin, Severus se tenait devant l’hôtel des Cullen à dix heures tapantes. Une luxueuse BMW aux fenêtres teintées se gara au même moment face à lui le long du trottoir. La porte du chauffeur s’ouvrit. Edward, habillé d’un costume à manches longues, de gants, portant un chapeau, des lunettes noires et une épaisse couche de maquillage, sortit afin de l’aider avec ses bagages et de l’inviter à monter à l’arrière où se trouvait Carlisle. Severus remarqua que les trois vampires portaient une tenue très couvrante. Le soleil brillant les obligeait à cette mascarade.

— Notre déplacement ne pouvait-il attendre quelques heures ? Il aurait été plus facile de passer inaperçus une fois le soleil couché, dit Severus une fois installé.

— Alice nous a appelés hier soir. Elle a insisté pour que nous partions le plus tôt possible. Elle n’a pas compris le sens de toutes les visions qu’elle a eues dernièrement, mais il était clair pour elle que quelques heures d’attente de plus pourraient faire échouer notre investigation, expliqua Carlisle.

Severus se contenta de hocher la tête en guise de réponse, avant de s’agripper de toutes ses forces à sa ceinture de sécurité : Edward Cullen conduisait la BMW comme si c’était le Magicobus. Le paysage défilait à si grande vitesse qu’il était impossible d’en apprécier la beauté. L’estomac du sorcier tentait de prendre la poudre d’escampette à chaque virage. Plusieurs fois, il crut que la voiture et ses occupants allaient ajouter leur marque au pittoresque de la campagne roumaine. Pour couronner le tout, Edward Cullen passait plus de temps à tenir la main de son épouse et à lui faire les yeux doux qu’à regarder la route. Carlisle sentit son inconfort.

— Vous noterez, monsieur Snape, que les amis chez qui nous nous rendons sont un peu différents de nous. Ils sont très anciens, et cela se voit à leur peau à l’aspect un peu poudreux.

Severus accueillit la distraction avec gratitude. Il interrogea Carlisle sur les vampires diurnes, leurs traditions, modes de vie, etc. jusqu’à ce qu’ils arrivent au pied d’un château isolé dans la montagne roumaine. Severus estima que le trajet aurait dû prendre quarante-cinq minutes de plus… Mais mieux valait ne pas penser à cela. Il regarda donc avec attention la bâtisse qui s’élevait devant lui dès qu’il fut descendu de voiture. Une construction quadrangulaire aux murs blanchis, aux coins flanqués de quatre tours tout aussi quadrangulaires, le tout coiffé de toitures en ardoises, formait la demeure fortifiée d’un duo de vampires diurnes. L’ensemble donnait l’impression d’être ramassé sur lui-même.

Devant la porte principale se tenaient deux vampires. Leurs habits noirs, à la coupe simple, contrastaient fortement avec le scintillement de leurs visages et de leurs mains dans le soleil printanier. Ils étaient plutôt petits et minces, l’un blond et l’autre brun.

— Carlisle, bienvenue dans notre humble demeure, les accueillit le blond dans un anglais accentué.

— Stefan, Vladimir, merci de nous accueillir chez vous, répliqua Carlisle cordialement.

— Oh, ce n’est rien.

Ses yeux d’un rouge profond se posèrent sur Severus, mettant ce dernier mal à l’aise. Il était clairement évalué comme un bœuf sur le marché aux bestiaux. Sa main droite se resserra autour de la poignée de sa baguette.

— L’humain est avec nous, intervint Edward. C’est un sorcier qui nous apporte son aide sur… certains points.

— Des points qu’il conviendrait que nous gardions pour nous, je suppose ? dit le vampire brun sur un ton moqueur.

— Ce serait bien aimable de votre part, répondit Carlisle.

Se sentant très minoritaire, Severus se garda d’intervenir dans la conversation, bien qu’il eût horreur qu’on discute de lui comme s’il n’était pas là. Bella Cullen ne paraissait pas apprécier les vampires roumains outre-mesure elle non plus. C’était plutôt bon signe d’après Severus. Cela voulait dire que les Cullen se tiendraient sur leur garde et qu’il serait mieux protégé des appétits de leurs hôtes à la voix suave. Sentir sa baguette dans sa main le rassurait un peu aussi.

— Entrez donc. Au fait, je suis Stefan… dit le blond en s’inclinant légèrement.

— …et moi Vladimir, l’imita le brun.

Les quatre visiteurs précédèrent les deux vampires roumains à l’intérieur, et la porte se referma sans bruit derrière le groupe. Le château était peut-être ancien et peu meublé pour autant que Severus pouvait en juger, il était néanmoins très bien entretenu. Les bois luisaient, les gonds étaient silencieux et les murs fraîchement enduits.

Ils furent guidés vers une salle nue dominée par deux trônes de pierre extrêmement antiques et sans ornementation. Stefan et Vladimir prirent place sur les trônes. Les trois Cullen et Severus restèrent debout. Ce n’était pas un problème pour les vampires, mais Severus espéra que la discussion ne durerait pas. Même le Seigneur des Ténèbres – le diable ait son âme – n’était pas aussi cruel. La plupart du temps. Pour couronner le tout, il avait faim, soif, et envie d’aller aux toilettes. La conversation promettait d’être très longue.

— Quelles nouvelles nous apportez-vous ? demanda Stefan. Je suppose que vous n’avez pas fait le déplacement juste par courtoisie.

— Nous avons tout simplement profité de notre présence dans le pays pour affaires pour venir vous saluer. C’est également l’opportunité de nous informer sur les événements dans le monde des vampires européens. Mais avant d’aller plus loin, ajouta Carlisle alors que le vampire blond semblait vouloir reprendre la parole, je suggère que nous laissions notre ami humain prendre soin des besoins particuliers à son espèce.

Severus lui glissa un regard empli de reconnaissance.

— Oh mais bien sûr. Je vous prie de nous excuser, monsieur…

— Snape.

— Monsieur Snape. Je vais vous mener à une pièce qui fut jadis destinée à accueillir des hôtes humains. Elle possède toutes les commodités dont votre espèce a besoin. Nous avons même conservé les latrines en état de fonctionnement.

Les joues de Severus se teintèrent légèrement de rouge à l’allusion à ses besoins corporels.

— Merci, dit-il simplement tout en priant que les Cullen ne le laissent pas seul avec Stefan. Il n’avait absolument aucune confiance dans le vampire.

— Je viens avec vous, annonça Edward.

Severus se sentit une nouvelle fois reconnaissant envers les Cullen.

— L’architecture de ce château mérite le coup d’œil, je pense.

L’excuse d’Edward ne dupa personne. Il venait de fait de s’auto-proclamer garde du corps de Severus.

— Suivez-moi.

Alors que le petit groupe quittait la salle que Severus avait baptisé en son for intérieur « salle du trône », il entendit Vladimir taquiner Carlisle sur sa propension à prendre des humains sous son aile. Néanmoins, derrière la badinerie, un je-ne-sais-quoi qui fit frissonner Severus perçait dans la voix ancienne du brun. Stefan referma la porte et Severus ne put entendre la réponse de Carlisle. Il nota toutefois que les sourcils d’Edward étaient froncés. De toute évidence, les pensées de Vladimir ne lui plaisaient pas du tout.

Il abandonna vite toute spéculation sur le sujet pour mieux se concentrer sur le trajet qui menait aux « quartiers humains » du château. Il aurait peut-être besoin de s’orienter seul plus tard, il devait donc mémoriser les couloirs et escaliers empruntés au maximum. Les couloirs étaient étroits, ne permettant pas à plus de deux personnes de marcher de front, aussi Edward resta-t-il aux côtés de Severus tandis que Stefan montrait le chemin. Celui-ci s’arrêta devant une porte sans signe distinctif particulier sinon la patine du temps. Derrière elle, la pièce attribuée à Severus était aussi austère que le reste du château.

Un cadre de bois monté sur quatre pieds portait une paillasse et des couvertures pelucheuses. Un coffre de bois sculpté et une commode Empire, bizarrement moderne dans cet environnement, constituaient le seul mobilier. Une fenêtre étroite en comparaison de la taille de la pièce laissait entrer la lumière du jour par le mur opposé à une cheminée qui ne montrait aucun signe d’avoir un jour été utilisée.

— J’espère que ceci est conforme aux attentes de votre espèce, monsieur Snape, susurra Stefan d’un ton faussement attentionné.

Cela irait. Pourvu qu’ils ne restent pas la nuit ! En attendant, où diable étaient les latrines ?

— Vous trouverez les latrines si vous continuez le couloir par lequel nous sommes arrivés jusqu’ici, ajouta le vampire. Le jeune Edward et moi allons vous laisser un peu de tranquillité le temps que vous assouvissiez vos besoins.

Sur ce, les deux vampires sortirent. Severus ne s’habituerait jamais à leur capacité à lire son langage corporel avec tant de précision. Leurs sens aiguisés leur donnaient un avantage injuste face aux humains, en particulier les Moldus. Il passa la tête par la porte, la baguette prête à lâcher un Sectumsempra à tout moment. Personne en vue. Il se doutait que les deux « hommes » ne s’étaient pas éloignés de beaucoup et qu’ils l’entendaient descendre le couloir à la recherche des lieux d’aisance. Il trouva ces derniers cachés au fond d’un petit couloir parallèle au couloir principal. Ils consistaient en une petite construction posée contre le mur de la petite forteresse. Une planche avec une ouverture circulaire en son milieu barrait l’espace. Lorsque Severus regarda au travers du trou, il comprit qu’il allait devoir vider sa vessie et plus au-dessus du vide. Avec un soupir ennuyé, il s’exécuta.

Revenu dans sa chambre, il agrandit le sac sans fond, semblable dans ses propriétés à celui qu’Hermione portait toujours avec elle l’année où elle avait cherché les Horcruxes, et dans lequel il avait mis les provisions achetées pour ce voyage. Il se restaura avec une partie d’entre elles. Cela ne valait pas un bon repas fait maison, mais il n’allait pas non plus faire le difficile. Grâce à un sortilège, il emplit d’eau la bassine posée à côté d’un pichet sur la commode. Il put ainsi se rafraîchir et boire. Se sentant mieux, il rangea soigneusement ses affaires, nettoya la moindre saleté ou goutte d’eau qui débordaient, de sorte que lorsqu’il sortit de la chambre à la recherche d’Edward et de Stefan, nulle trace de son passage n’était visible à l’œil nu (à moins que l’œil en question appartienne à un vampire, bien sûr).

— Edward Cullen, appela-t-il à la cantonade.

Comme par magie, les deux vampires apparurent devant lui. L’extrême vitesse sur des courtes distances valait bien le transplanage. Le petit groupe retraça ses pas jusqu’à la salle du trône, où Carlisle, Bella et Vladimir imitaient des statues de pierre à la perfection. Il fallait croire qu’ils avaient épuisé tous les sujets de conversation potentiellement intéressants.

— L’humain est prêt ! annonça Stefan en reprenant sa place sur son trône.

— Excellent. Nous allons pouvoir aller au fait maintenant, ajouta Vladimir.

Les deux vampires roumains jetèrent un regard expectatif à leurs invités.

— Bien sûr, dit Carlisle d’un ton conciliateur. Avant de commencer, je dois insister pour que cette conversation ne parvienne pas aux oreilles des Volturi.

Cette remarque capta l’attention de Stefan et Vladimir. Les Cullen certes préféraient garder les Volturi hors de leurs affaires, mais cette attitude était commune chez les vampires. Maintenant, que le chef de famille des Cullen en personne se déplace et insiste sur ce fait était des plus intéressants.

— Carlisle, tu sais très bien que nos relations avec les Volturi sont… inexistantes, rétorqua Vladimir.

— Je sais, mais je suis d’avis que jamais rien n’est évident si ce n’est dit clairement.

Cette répartie lui valut un sourire amusé, presque indulgent, des deux anciens. Severus les trouva plus effrayants que jamais. Carlisle reprit :

— Les impliquer pourrait avoir comme résultat de leur donner un pouvoir quasi-absolu non seulement sur notre espèce, mais aussi sur les Humains.

Carlisle leva une main pour arrêter l’objection qui se formait sur les lèvres de Vladimir.

— Je sais bien que le sort des Humains vous intéresse peu, mais que diriez-vous si les Volturi contrôlaient totalement votre source de nourriture ?

— Hmmm, firent Stefan et Vladimir en cœur, les sourcils froncés. Tous deux inclinèrent la tête vers la droite dans un même geste.

Severus vit Carlisle jeter un regard en coin à Edward, qui hocha imperceptiblement la tête en réponse. Bella, elle, exsudait la méfiance la plus totale, et l’envie de quitter les lieux la tenaillait de manière évidente. Severus compatissait pleinement.

— Certaines rumeurs nous sont parvenues de vampires qui travailleraient pour des humains, reprit Carlisle. Dans la mesure où les rumeurs de notre monde vous trouvent souvent sur leur chemin, nous nous demandions si vous en aviez entendu parler.

Le blond et le brun échangèrent un regard et haussèrent les épaules. Pendant qu’ils jouaient au miroir, Edward hocha à nouveau la tête, probablement en réponse à une question que Carlisle lui avait posée mentalement. Stefan et Vladimir reportèrent leur attention sur leurs hôtes.

— Inutile de tourner autour du pot, n’est-ce pas ? demanda Stefan en pointant le menton en direction d’Edward. Il finira bien par trouver le moyen d’extraire l’information de notre tête.

Vladimir soupira avec bruit, les yeux levés au ciel.

— Il se peut qu’un couple de vampires albanais soit ceux que vous recherchez. Dasar et Jerina sont leurs noms.

— Jeunes et impétueux.

— Ils étaient en chemin pour Moscou…

— … pour soi-disant recevoir une récompense de la part du « parrain », comme si des vampires avaient besoin d’être baptisés.

Severus supposa que plusieurs millénaires de cohabitation facilitaient la capacité de chacun des vampires à finir les phrases de l’autre.

— Ils auraient, tout à fait par inadvertance, décimé les participants d’une réunion d’opposants à ce « parrain »…

— De vrais goinfres, interrompit Stefan, dont l’air dédaigneux laissait voir tout le bien qu’il pensait du manque de retenue de ces jeunes vampires.

— … qui en retour les aurait invités dans sa demeure à Moscou en vue de les récompenser.

Qui disait parrain, disait mafia, disait Joseph Bourinov. Et encore, Severus connaissait le nom complet de la « brute », comme il aimait à se faire appeler grâce à ses contacts, dans l’Allée des Embrumes. Ce sorcier, fils du parrain de la mafia moldue russe, éduqué à Durmstrang, avait une réputation à faire pâlir d’envie feue Bellatrix Lestrange.

— Avaient-ils les Volturi à leurs trousses ? s’enquit Carlisle. Ce genre de massacre peut difficilement passer inaperçu, et nos amis d’Italie détestent la publicité.

— Dasar et Jerina avaient un compagnon, Oltan. Le pauvre a porté le chapeau, soupira Stefan. Il n’est plus que cendres à l’heure où nous parlons.

— Merci beaucoup pour ces informations, dit Carlisle. Elles nous seront vraiment utiles.

— Vous pensez vraiment que ces jeunes candides pourraient provoquer un désordre épouvantable dans notre monde ?

Vladimir paraissait encore incrédule.

— Alice en est sûre et certaine, affirma Edward.

— Et bien, bonne chance dans votre course poursuite. Avant de partir, nous joindrez-vous dans une petite partie de chasse ? Ce n’est toujours que Stefan et moi. Briser la monotonie nous ferait du bien.

Les trois Cullen eurent un léger mouvement de recul à cette proposition, ce qui amena un sourire moqueur sur les lèvres des vampires roumains. Décidément, Severus détestait lorsque les vampires souriaient.

— Merci pour l’invitation, répondit Carlisle avec la plus extrême politesse. Nous ne pouvons hélas nous attarder. Chaque jour qui passe est crucial.

— Laissez-nous au moins vous raccompagner jusqu’à votre voiture. Ces moyens de transport humains sont-ils vraiment confortables ?

Carlisle et Edward entretinrent la conversation sur les voitures tandis que Bella et Severus suivaient. Ils n’échangèrent aucune parole, seulement un regard de compréhension mutuelle concernant leur répulsion envers Stefan et Vladimir.

Les Cullen et Severus remontèrent en voiture. Au moment de fermer la porte, Stefan ajouta à l’adresse de Bella et Edward :

— Vous embrasserez votre fille de notre part ? C’est une si jolie enfant.

Bella réprima à peine un frisson de dégoût tandis que l’expression neutre sur le visage d’Edward trahissait, selon Severus, de la colère rentrée. Après tout, il maîtrisait lui-même cette particulière expression.

Le démarrage d’Edward rappela quelque peu à Severus le décollage d’un balai Éclair de Feu. Le sorcier fut reconnaissant aux Moldus inventeurs de la ceinture de sécurité, même si, en théorie, la magie l’aurait sauvé en cas d’accident.

— Edward ! admonesta Carlisle. Était-ce bien nécessaire ?

Le plus jeune vampire gronda pour toute réponse. Ce fut Bella qui articula une réponse pour eux deux :

— Il nous a provoqués en parlant de Nessie ! Ces carnivores savent très bien que je ne les laisserai jamais s’approcher de ma fille !

Edward serra la main de sa femme en support. Carlisle soupira.

— Réagir de la sorte les incite davantage à vous provoquer. Vous ne voyez donc pas qu’ils s’ennuient profondément ? Votre comportement les distrait.

Il était indéniable que le lieu d’habitation de Stefan et Vladimir offrait peu de distraction.

— Et maintenant, c’est quoi le plan ? demanda Severus.

— Nous rentrons chez nous, répondit Edward.

Severus faillit s’étouffer.

— Quoi ? Rentrer chez nous ?!

Carlisle soupira encore tout en levant les yeux au ciel tandis qu’Edward ricanait.

— Edward plaisante. Il veut dire que nous allons feindre de rentrer chez nous, alors qu’en réalité, nous allons partir directement à Moscou.

Ouf, ils ne l’avaient pas abandonné. C’est que Severus commençait à se rendre compte à quel point l’assistance des vampires dans sa quête pour retrouver son procédé était précieuse.

— Dois-je donc prendre un Portoloin pour Londres en prenant soin que mon retour soit bien noté, et revenir ensuite discrètement à Moscou ?

Un grand sourire éclaircit le visage pourtant déjà fort pâle de Carlisle.

— Votre réputation pour le subterfuge n’est pas exagérée. Ma famille et moi pouvons être à Moscou au plus tard vendredi si nous prenons le temps de chasser en route. Cela vous laisse le temps de passer une ou deux nuits chez vous.

Severus hocha la tête. Il appréciait la possibilité d’aviser Hermione et Harry de ce qu’il avait appris et de sa nouvelle destination en personne, sans risque que l’information tombe entre de mauvaises mains. Le seul inconvénient du plan fut qu’il dut prendre plusieurs correspondances de Portoloin avant d’arriver à Londres car il n’y avait aucun départ direct pour la capitale britannique le mercredi soir. Ce fut donc un maître des potions épuisé qui rentra chez lui en début de soirée. Il narra son voyage à Hermione dans les grandes lignes, enfila un pyjama (les chemises de nuit, c’est bien mais on a un peu froid aux jambes) et dormit du sommeil du juste jusqu’au lendemain matin.

Le jeudi soir, Harry, averti par un Patronus de la présence de Severus en son logis, passa après le travail. Hermione était déjà rentrée, avide qu’elle était de passer autant de temps que possible en compagnie de son époux.

— Je pense que nous pouvons affirmer l’implication de la mafia sorcière dans le vol de ton procédé, reconnut l’Auror, qui grimaça à l’idée.

— Je sais. Le plan est de s’introduire là où Bouranov garde ces documents, de les reprendre et de disparaître. Personne n’a vraiment envie ni intérêt à déclencher un conflit ouvert avec la mafia.

Harry eut l’air dubitatif. Hermione fronça les sourcils.

— Tu penses pouvoir entrer et sortir sans que Bouranov s’en rende compte ? s’enquit cette dernière sur un ton inquiet.

— Bien sûr que non. L’important est que l’identité du voleur ne soit pas découverte. Je pourrai toujours prétendre plus tard avoir racheté mes parchemins à prix d’or à un maître chanteur.

— Je ne suis pas sûr qu’il soit possible de trouver un meilleur plan avec le peu de temps dont nous disposons, soupira Harry avec regret.

Hermione acquiesça. Severus fut soulagé de voir que sa femme et son ami lui faisaient assez confiance pour ne pas poser davantage de questions. Il ne voulait pas leur dire qu’il comptait faire porter le chapeau de maître-chanteur à un quelconque détenu qui aurait été fraîchement libéré d’Azkaban. Si Severus savait quelque chose sur les vilains, c’est qu’ils ne croyaient jamais personne sur parole. Nul doute que Bouranov voudrait vérifier lui-même les dires de Severus à propos du maître-chanteur et interroger l’individu en question. Non, il valait mieux que cela reste son secret.

Tandis que Severus préparait son départ secret pour Moscou, Carlisle, Bella et Edward montèrent dans le jet des Cullen ostensiblement, et en descendirent discrètement un peu plus tard. Lorsque l’avion quitta la piste pour Budapest et Belgrade afin « d’embarquer » les autres Cullen, les trois vampires étaient déjà loin vers le Nord. Ils firent une halte assez longue pour chasser et attendre d’être rejoints par les autres membres de la famille. Le soleil étincelant de ce début juin les contraignait aussi à voyager de nuit. Ils arrivèrent donc dans la datcha familiale, non loin de Moscou, le vendredi en fin de soirée. Severus les y rejoignit peu après grâce à un nouveau Portoloin illégal. Il n’était plus à une illégalité près non plus.

À Suivre…

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