CHOIX ET DILEMNE

ThiruvananthapuramHello hello tout le monde.

Comme vous le savez, depuis quelques semaines, Jasper et moi sommes en vacances, dans ce très beau pays qu’est l’Inde.

Ce voyage n’était pas vraiment « prévu » au départ. Néanmoins cela faisait un moment que je voyais Jazz tourner en rond à Forks (surtout lorsque l’euphorie de sa nouvelle moto fut retombée). Il parlait de temps en temps de l’Inde, comme ça, sans arrières pensées. Rencontrer des peuples aux coutumes et au mode de vie différents des nôtres nous a toujours attiré.

Et un matin, je nous ai vus, prenant l’avion dans cette direction.

Jazz était alors assis sur le canapé du salon, feuilletant un livre de photographies qu’il apprécie, d’un certain Yann Arthus Bertrand je crois. J’ai couru vers lui et lui dit « On va en Inde ». Ce n’était pas vraiment une question, ni une totale affirmation non plus. Jazz connait mes lubies soudaines, mais il sait que je lui laisse toujours le choix de me suivre ou non. Et inversement. On ne le s’est jamais vraiment dit, mais on le sait, c’est tout.

– « D’accord », me répondit-il.

– « Tu t’occupes de l’avion et de l’hôtel, je fais les bagages. » j’ai lancé. Et quelques heures après nous étions partis. A peine le temps de laisser un mot à la famille.


L’Inde est un pays magnifique. On s’en rend vraiment compte lorsqu’on y pose les pieds. Mais ce message n’a pas pour vocation d’être un tour opérator. De très beaux livres, guides et sites touristiques existent déjà à ce sujet. 😉

Non, j’avais quelque chose de plus urgent en tête. Et je voulais surtout vous demander votre avis… Ce matin, nous nous promenions dans la ville de Thiruvananthapuram (dans l’Etat de Kerala, tout au sud du pays). Le temps était couvert et on pouvait se balader dans les rues sans « briller » et se faire remarquer. On s’était arrêté dans une petite échoppe en ville : Jazz regardait des objets typiques, tandis que je m’affairais sur les saris (je voulais absolument en trouver un pour Renesmée). C’est alors que j’ai eu une vision.

Pas le genre de vision qui me sont apparues tout le long de ce voyage : sur les villes que nous irions voir, le temps qu’il ferait… Là c’était autre chose.

J’ai vu une femme, extraordinairement belle : ses cheveux bruns ondulaient au gré du vent, ses traits fins faisaient ressortir le teint de sa peau, d’une blancheur pure, et ses lèvres carmin. Elle n’était pas très grande, mais il se dégageait d’elle une prestance rare. Totalement différent de ce que pourrait être Rosalie. Une beauté fascinante… mortellement fascinante. Ses yeux étaient rouges, aussi profonds que certains rubis.

Une vampire, sans aucun doute. Je ne la connaissais pas, ne l’avais jamais vu. Et pourtant, plus la vision avançait, plus mon esprit me disait que cette femme redoutable ne m’était pas totalement inconnu. J’étais censé la connaitre… Elle avançait dans un lieu entouré d’arbres. Une forêt peut être. Puis s’est arrêtée tout à coup. Ses sens à l’affut de quelque chose qu’elle ne pouvait encore voir. Elle attendit, sans faire le moindre geste. Un crissement de feuilles, à peine perceptible, attira son attention, et la mienne. Une oreille humaine n’aurait pas pu déceler cette nouvelle présence alors que nous, vampires, en étions capables. Alors la jeune femme brune esquissa un sourire.

Quelqu’un avançait vers elle et puis s’arrêta, laissant quelques mètres de distance entre eux. Les deux êtres se fixaient mais ne disait rien, ne bougeait pas non plus. Comme pour se tester l’un l’autre. J’avais beau me concentrer, je n’arrivais pas à voir qui était le nouvel arrivant, à quoi il pouvait ressembler. Un voile de brouillard l’entourait toujours. J’entendis ce dernier prendre une respiration, puis dire un mot. Un seul.

– « Maria. »

C’était la voix d’un homme. C’était celle de Jasper. La vision s’arrêta nette. J’en eus le souffle coupé. Chose paradoxale quand respirer ne vous est plus nécessaire. Ce genre de vision, aussi intense, ne m’arrive plus beaucoup ces derniers temps. Et je m’en accommodais plutôt bien jusque là.

Je mis quelques secondes pour reprendre mes esprits. Heureusement, Jasper était alors au fond de la boutique, et je fus soulager de constater qu’il ne s’était pas aperçut de mon « absence ». La vendeuse m’a regardé, inquiète, mais je lui fis mon plus beau sourire et elle s’en est allée, quelque peu rougissante. J’ai essayé de caché mon trouble au mieux. Mais Jazz me connait trop bien. Avec lui je ne peux pas dissimuler mes sentiments aussi simplement que mes pensées face à Edward. Il est difficile de « ressentir » autre chose.

– « Que ce passe-t-il ? Quelque chose ne va pas ? Qu’est-ce qui t’effraie ?» me dit-il.

Ah voilà, c’était ça : j’avais peur.


C’était pourtant absurde. Jasper est l’un des vampires les plus forts que je connaisse (après ses frères), Maria ne ferait pas le poids contre lui, jamais. Sans compter que ma confiance en lui est infinie. Il ne me laisserait pas. Je ne peux pas vivre sans lui et, nous savons tout deux que la réciproque est vraie. Alors pourquoi cette boule au fond de mon ventre, qui ne cesse de grossir ? Pourquoi les ténèbres et la peur m’envahissent-ils, tant bien que plus rien ne me parait sûr dans ce pays étranger ? Je contemplais son visage si pur, si parfait, pourtant déformé par l’angoisse et l’incompréhension. Ma main s’approcha de son visage et caressa sa joue. Je lui répondis : « Rien mon cœur, ce n’est rien ».

Alors je compris. Je ne voulais pas que Jazz souffre. Et plus encore que quelqu’un le fasse souffrir. Pas avec une arme, mais avec une présence, des mots. Ceux qui vous martèlent le cœur, le lacèrent et le rongent. Personne ne blessera plus Jasper, je ne le tolérerais pas.

Je ne veux plus le voir comme lors de notre première rencontre. Le plus beau de tous, un ange parmi les hommes. Mais un ange à qui ont a coupé les ailes, le regard sans vie et un vide à la place du cœur. Fuyant toute présence, se retranchant dans la solitude et le tourment. Se détruisant à petit feu. Plus jamais.

Nous sommes rentrés à l’hôtel, je ne me rappelle plus comment. J’étais trop concentrée à interroger le futur, pour avoir plus d’informations sur cette rencontre, et sur Maria. Pourquoi ? Quand ? Comment ? Et après ? Tout ceci est-il vraiment inéluctable ? N’y avait-il pas d’autres solutions ?

Jasper n’avait pas insisté depuis. Cependant, je sentais bien que son inquiétude à mon égard augmentait au fil des heures. Je le connaissais trop bien. Je sais aussi qu’il souhaite, quelque part au fond de lui, revoir Maria pour comprendre et peut être l’aider…

Dois-je lui dire ? Dois-je lui annoncer que Maria est encore en vie, qu’elle est ici, et qu’après lui avoir dit ces mots ils vont se voir et qu’il aura sans doute à en souffrir ?

Je peux aussi choisir de me taire, de faire comme si cette vision n’était rien de plus qu’un mauvais rêve et l’oublier. Tout cela n’aura jamais lieu et Jasper restera en paix. Dans ce cas, il me faudra lui mentir. Chose qui me répugne. On ne s’est jamais rien caché : on se parle de tout et acceptons toujours la différence et les fautes de l’autre. Surtout lui, qui est la gentillesse incarnée et me pardonne tout. Je ne sais pas si je pourrais le lui cacher, si j’en suis capable. Je peux l’endurer si ça peut le protéger. Mais un secret n’est jamais secret éternellement. Que ce passera-t-il quand il le découvrira ?


Je ne sais plus quoi faire… Aidez-moi !


PS : Ne touchez pas un mot de ce message à Jazz.

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